Cette première édition organisée à Tizi Ouzou se veut un hommage à la mémoire de cette grande figure de la culture algérienne, qui a marqué le chant d'expression amazighe en interprétant à travers le monde des chants traditionnels dits "Ahiha". La légendaire poétesse d'expression amazighe et grande romancière d'expression française, Taos Amrouche, a eu droit, samedi dernier, à un vibrant hommage, à l'initiative de l'association culturelle Amusnaw de Tizi Ouzou, en partenariat avec le collectif Femmes, "Société et développement", le collectif "Village des artistes" et le soutien de l'APC de Tizi Ouzou. Cette 1re rencontre de poésie populaire rend hommage à la mémoire de cette grande figure de la culture algérienne, qui a marqué le chant d'expression amazighe par son empreinte en interprétant à travers le monde des chants traditionnels dits "Ahiha". Ce chant typique à la femme kabyle était chanté autrefois durant le travail des champs et les fêtes familiales où la femme laissait libre cours à sa belle voix, retentissante d'une colline à l'autre pour exprimer un quotidien souvent peu reluisant du fait de la rudesse de la vie en montagne. Ce chant de la "liberté" libère la voix de ces milliers de gens sans voix qui font face aux durs travaux des champs qui représentaient à l'époque la seule ressource pour les familles des régions montagneuses. L'organisation de cette rencontre autour de la poésie populaire a réuni une soixantaine d'amoureux du verbe qui ont investi la placette M'barek-Aït Menguellet, située au centre-ville de Tizi Ouzou. Pour le président de l'association Amusnaw, El- Hachemi Touzène, "cette rencontre est un rendez-vous de poésie populaire dédié à la mémoire de la regrettée Taos Amrouche, dont l'œuvre n'est plus à présenter. C'est une première édition organisée à l'occasion de l'anniversaire de son décès, coïncidant avec le 2 avril 1976, et dont l'objectif est de faire redécouvrir Taos Amrouche ainsi que sa poésie berbère ancienne au grand public". Et d'ajouter : "C'est aussi l'occasion de redonner la chance à 66 poètes venus de plusieurs wilayas du Centre, à savoir Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira et Boumerdès, de renouer avec la scène, d'autant plus que l'évènement s'est déroulé en plein air, dans un espace qui porte aussi le nom d'une grande figure de la lutte identitaire, en l'occurrence M'barek Aït Menguellet". Par ailleurs, selon quelques éléments biographiques présentés par l'association Amusnaw, Taos Amrouche, qui est née en Tunisie le 4 mars 1913, fille de Fadhma Aït Mansour Amrouche et sœur de l'écrivain Jean Amrouche, est considérée comme l'une des grandes romancières algériennes des temps modernes. Parallèlement à sa carrière littéraire, elle a interprété de nombreux chants amazighs. Douée d'une voix exceptionnelle, elle se produit sur de nombreuses scènes étrangères telles que le Festival des arts nègres de Dakar en 1966. Seule l'Algérie lui refuse les honneurs, puisqu'elle n'était pas invitée au Festival culturel panafricain d'Alger en 1969, mais elle s'y rend tout de même pour chanter devant les étudiants d'Alger. Taos Amrouche a participé à la fondation de l'Académie berbère de Paris en 1966 avant de décéder le 2 avril 1976 à l'âge de 63 ans à St Michel l'Observatoire. K. Tighilt