La nouvelle du crash de l'avion de l'ANP, survenu mercredi dernier à Boufarik, est tombée tel un couperet à Béjaïa. D'autant plus que parmi les 257 morts de ce crash, trois jeunes militaires sont originaires de la région Est de la wilaya de Béjaïa. Il s'agit de Ferhat Bettache du village Aït Boudjit, dans la commune de Darguina, de Rabah Haddouche du village Tafrida, dans la commune de Taskriout, et de Moussous El-Hachemi du village Djermouna, dans la commune de Kherrata. Les trois militaires étaient tous des engagés dans les rangs de l'ANP. Hier matin, nous avons pris la route pour nous rendre chez la famille de l'un des trois militaires tués dans ce tragique accident, en l'occurrence la famille Bettache du village Aït Boudjit, dans la commune de Darguina. À notre arrivée, l'un des frères du regretté Ferhat, très abattu par cette mort tragique, nous a reçus dans la cour de leur maison familiale. Peu après, son père Saddek arrive. On découvre un homme de 68 ans, stoïque, lui-même ayant accompli son Service national à Skikda. S'exprimant en kabyle, et dans la langue de Molière parfois, car, nous dit-il, il a fréquenté la vieille école, ce père s'est montré d'un courage inouï. "Ça arrive dans la vie", nous a-t-il déclaré de prime abord. "Je ne pleure pas uniquement la perte de mon cher fils, mais je pleure tous les morts du crash", ajoutera-t-il. Le père, très affecté par la perte de l'un de ses six fils, nous apprend que son regretté Ferhat, âgé de 29 ans, s'était engagé depuis 10 ans dans les rangs de l'ANP. Comment a-t-il appris la triste nouvelle ? "Après sa permission, mon fils nous appelle toujours après avoir rejoint sa caserne. Mon fils était en permission pour 15 jours. Mardi dernier, il a pris le bus vers Blida afin de prendre le lendemain son vol pour Tindouf", témoigne Saddek. L'annonce de la nouvelle a été faite par le petit frère. "À 8h30 passée, précisera-t-il encore, mon fils est venu me voir pour me dire que l'avion que devait prendre son frère s'est écrasé. J'ai croisé les doigts pour que cela ne soit pas vrai. Petit à petit, la mauvaise nouvelle s'est répandue dans le village. J'étais persuadé que mon fils était dans ce vol, puisque à midi passé, point d'appel de sa part et que nos appels sur son portable étaient vains". Le lendemain du crash, le père s'est rendu à la caserne de Blida avant de rejoindre l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja. "Là, c'est confirmé, mon fils est parmi les victimes du crash." L. OUBIRA