Le directeur général de BNP Paribas El-Djazaïr évoque, dans cet entretien, le plan de développement de la banque, de sa perception du marché algérien et d'autres questions relatives à l'offre de produits et services. François Edouard Drion affirme que BNP Paribas est “très attentive au développement du processus en cours de privatisation de plusieurs banques publiques”. Liberté : Quel bilan faites-vous de votre présence en Algérie ? François Edouard Drion : Le bilan est favorable. je dirais même plus favorable que prévu. Trois ans après avoir ouvert BNP Paribas El-Djazaïr, une filiale à 100% du groupe BNP Paribas, nous sommes près de 160 collaborateurs et nous recrutons chaque mois 10 à 15 personnes en Algérie. L'activité est en fort développement avec un niveau de rentabilité élevé. En 2005, nous avons décidé d'accélérer la croissance de BNP Paribas El-Djazaïr en construisant un réseau d'agences beaucoup plus étendu. Comment voyez-vous le paysage bancaire algérien ? Le marché bancaire en Algérie offre un potentiel de croissance très élevé. Le total des actifs des banques en Algérie par rapport au produit intérieur brut du pays est inférieur à 50%, très loin derrière le Maroc et la Tunisie. Les banques publiques restent dominantes. Cela étant, c'est un marché en évolution avec l'émergence de banques privées, souvent à capitaux étrangers. Vous avez récemment ouvert une agence à Blida, la première en dehors d'Alger. Voulez-vous nous parler de votre plan de développement ? Notre plan de développement est ambitieux, il reflète notre volonté de devenir rapidement une banque de référence en Algérie. Premier axe stratégique, nous renforçons notre capacité d'offre de produits, de services et de crédit, pour la clientèle des entreprises. Nos fonds propres ont été très sensiblement renforcés, notre bilan est plus important, ce qui nous donne une plus grande capacité de crédits. Deuxième axe, le développement d'un important réseau d'agences sur Alger et dans les principales villes du pays. Nous recherchons ainsi à nous rapprocher de nos clients afin d'offrir un service de qualité. Nous mobilisons ainsi des moyens très importants pour développer, grâce aux agences de proximité, notre activité de banque des particuliers, tant sur les crédits que sur les produits d'épargne. Quelle est la gamme de produits que vous proposez à votre clientèle entreprises et particuliers ? Je crois que l'offre de BNP Paribas est une des plus complètes sur le marché, tant pour les entreprises que pour les particuliers. Chacun de nos clients a un conseiller dédié, c'est-à-dire personnel, ce qui permet une gestion de qualité. Nous travaillons beaucoup pour développer de nouveaux produits sur le marché algérien en liaison avec nos équipes de spécialistes à Paris. Pour les particuliers, l'offre devrait s'enrichir avec de nouvelles fonctionnalités pour notre banque internet, BNP Paribas net, qui est un service déjà très complet, les cartes de crédit et de nouveaux produits d'épargne. Dans les entreprises, nous poursuivons nos investissements pour améliorer les produits de commerce international, le cash management, tout en renforçant notre offre de financement avec des équipes de conseillers spécialisés. Quelles sont les conditions d'accès au crédit automobile ? Il existe toujours des freins au développement du crédit automobile en Algérie en raison de l'absence d'un système efficace de virements et de prélèvements entre les banques. Dans ce cadre, BNP Paribas adopte une politique sélective, tout en offrant des conditions très compétitives et flexibles sur le crédit automobile aux clients qui ont leur salaire payé sur un compte BNP Paribas ou aux particuliers qui travaillent pour des entreprises clientes de BNP Paribas. Quel est l'avantage de l'offre de BNP Paribas ? Premier avantage, BNP Paribas est une banque qui investit en Algérie dans une vision à long terme. De ce fait, nous accompagnons nos clients sur la durée. Deuxième avantage, nous développons une offre de produits et de services offrant les meilleures garanties de qualité et de sécurité. Troisième avantage, BNP Paribas est une filiale d'un grand groupe international, présent dans 85 pays, qui met son réseau mondial au service de sa clientèle algérienne. Comment va s'opérer la division de travail entre Cétélem et votre établissement dans le segment du crédit à la consommation ? Cétélem France a déposé une demande d'agrément pour créer une filiale, Cétélem Algérie, spécialisée dans les crédits à la consommation. Elle distribuera ses crédits principalement au travers d'un réseau de prescripteurs (concessionnaires automobiles, magasins…). BNP Paribas distribue des crédits à la consommation dans ses agences. De ce fait, la banque et Cétélem ont des activités très complémentaires. Les pouvoirs publics ont décidé d'ouvrir le capital de certaines banques. BNP Paribas est-elle intéressée par une prise de participation dans une banque publique ? L'ouverture du capital des banques publiques s'inscrit dans le cadre de la réforme du secteur bancaire. C'est une démarche naturelle et opportune. BNP Paribas, en tant que banque activement présente sur le marché algérien, est intéressée par cette évolution. Nous sommes donc très attentifs au développement du processus en cours de privatisation de plusieurs banques publiques. Comment interpréter l'intervention de BNP Paribas El Djazaïr sur le marché des titres (achats d'obligations) ? Aujourd'hui, seules quelques grandes sociétés publiques ont lancé des émissions obligataires. BNP Paribas El Djazaïr a choisi de participer à ces émissions en vendant auprès de sa clientèle des obligations qui constituent une bonne opportunité d'investissement. Je suis heureux de constater le succès de ces opérations et nous espérons un développement du marché obligataire en Algérie. Peut-on connaître le volume de votre portefeuille ? Trois ans après sa création, BNP Paribas El Djazaïr est en forte croissance. Le volume de ses crédits par caisse est de l'ordre de 8 milliards de dinars et les dépôts client en dinars représentent plus de 14 milliards. Le chiffre d'affaires pour l'année 2004 est de 1,3 milliard de dinars. C'est l'une des premières banques privées du pays avec 1 200 clients entreprises et plus de 3 000 clients particuliers. BNP Paribas a-t-elle soumissionné pour la conversion de la dette en investissements en vue d'augmenter le capital de BNP Paribas El-Djazaïr ? Pas encore, mais nous envisageons de le faire pour notre prochaine augmentation de capital si les conditions demeurent attractives. M. R.