Il était dans l'air le soutien de la Centrale syndicale au 5e mandat pour le président Bouteflika ; il manquait juste qu'il soit ouvertement exprimé. C'est désormais fait. Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le grand ami du patronat, est allé le confesser aux travailleurs réunis hier à Hassi-Messaoud dans le cadre de la célébration officielle des festivités du 1er Mai. "J'ai l'honneur de remettre à Son Excellence le Président votre motion spéciale pour le 5e mandat", a-t-il, en effet, affirmé lors de sa prise de parole, précisant que la missive allait être remise au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, également présent pour la circonstance, mais en qualité de représentant du chef de l'Etat. "Je la remets officiellement au représentant du président de la République", a-t-il souligné. S'il n'est pas étonnant que le patron de la Centrale syndicale mêle sa voix au boucan que le Front de libération national (FLN) tente, inlassablement, de provoquer autour du 5e mandat, la manière régalienne avec laquelle il implique les travailleurs dans un projet politique auquel ils pourraient ne pas souscrire volontairement est, pour le moins, déconcertante. Qu'un parti comme le FLN attise la surenchère autour du maintien de Bouteflika dans ses fonctions au-delà de 2019, cela peut se concevoir, mais qu'un responsable syndical fasse de même, cela est pour le moins contestable. Mais s'agissant de l'implication de son organisation et donc des travailleurs syndiqués dans le jeu politique, Sidi-Saïd n'en est pas à sa première. Il l'a fait autant de fois que Bouteflika a postulé à la magistrature suprême. Il est à son cinquième soutien depuis 1999. La Centrale syndicale étant signataire du pacte économique et social avec le gouvernement et le patronat — un engagement synonyme de renoncement à l'agitation sociale —, son secrétaire général s'est plus investi dans l'action politique que celle syndicale. C'est ainsi qu'il s'est fait ami du président du FCE Ali Haddad contre le Premier ministre Abdelamadjid Tebboune. Le même patron des patrons avec qui il a signé tout récemment une réaction assez appuyée contre des officiels de l'Union européenne qui s'étaient plaints de ce que les autorités algériennes ne les aient pas consultés lorsqu'elles avaient décidé d'un contingentement pour le commerce extérieur. Si disponible pour s'associer à la diatribe politique que le gouvernement a tendance à sous-traiter de plus en plus à ses clientèles parmi les organisations du monde économique et de la sphère sociale, Sidi-Saïd se fait moins visible lorsque s'agite le front social. C'est d'ailleurs à peine s'il ne prend pas la parole pour dénoncer les travailleurs qui luttent pour leurs droits socioprofessionnels, à l'instar des médecins résidents et des enseignants. Sofiane Aït Iflis