Les syndicats autonomes de la Fonction publique ont appelé aujourd'hui et pour une durée de trois jours à une grève générale pour protester contre la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique qui n'a recueilli dans le monde syndical que l'assentiment de l'UGTA. Le patron de la centrale syndicale, tout auréolé de son second mandat à la tête de l'union, a eu « le privilège » de faire, au lieu et place de l'exécutif, l'annonce officielle du calendrier de la mise en œuvre de la nouvelle grille des salaires et des augmentations salariales décidées par le gouvernement. Des niveaux d'augmentation jugés appréciables par M. Sidi Saïd qui tente ainsi de rebondir sur la scène syndicale en vue de redonner du crédit et du sens à la centrale syndicale qui a perdu beaucoup de terrain au profit des syndicats autonomes depuis l'apparition du pluralisme syndical. Le nième débrayage auquel viennent d'appeler les syndicats autonomes depuis l'ouverture des négociations entre le gouvernement et la centrale syndicale sur le dossier de la grille des salaires desquelles est exclue l'Intersyndicale, risque fort de se terminer comme les précédentes initiatives qui n'ont pas fait reculer d'un iota la position du gouvernement par rapport aux doléances des syndicats libres, rejetées globalement et dans le détail. La grève d'aujourd'hui décrétée, à l'instar des précédentes, illégale par le gouvernement donne un avant-goût des intentions du gouvernement par rapport à ce mouvement social perçu comme un acte de rébellion que les pouvoirs publics entendent traiter de manière policière et politique. Rien, ni la mobilisation des travailleurs qui adhèrent au mouvement social lancé par l'Intersyndicale et à ses principes fondateurs, ni les conséquences d'une crise qui s'installe dramatiquement dans la durée ne semblent ébranler les convictions et les certitudes du pouvoir décidé, aujourd'hui plus qu'hier, à étouffer dans l'œuf l'action des syndicats libres. Le soutien solennel apporté par le président Bouteflika à l'UGTA et à son secrétaire général à l'issue de sa réélection apparaît, à l'évidence, comme un choix politique visant à consolider la position de la centrale syndicale, toute acquise au pouvoir, en faisant d'elle l'interlocuteur unique du gouvernement. L'impact de plus en plus grand que rencontrent les syndicats autonomes auprès des travailleurs autrefois syndiqués ou qui se reconnaissaient dans l'UGTA et qui l'ont quittée, parce que considérant que l'UGTA est depuis ces dernières années beaucoup plus présente sur le front politique que sur le terrain des luttes syndicales, montre bien, pourtant, que le pluralisme syndical est une réalité incontournable dans le pays. Le pouvoir qui a tout misé sur l'UGTA pour apaiser les tensions sociales risque de subir le même désenchantement qu'elle connaît avec la classe politique qui ne mobilise pas la population, comme on l'a vu avec les faibles taux de participation électorale enregistrés au cours de ces dernières années. Le pouvoir parie sur l'essoufflement du mouvement. Les poursuites judiciaires et les menaces de sanctions administratives brandies à l'encontre des responsables des syndicats autonomes et des grévistes n'ont pas produit leurs effets. Les preneurs d'otages de la Fonction publique et de nos enfants ne sont pas forcément ceux que le pouvoir et une certaine classe politique proche du pouvoir désignent à la vindicte publique.