L'artiste défunte Djida Thamokrante a réintégré sa loge de théâtre, où elle avait opéré son come-back au milieu d'une haie d'honneur que lui a dressé son neveu Hini Smaïn au théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le 27 avril dernier. Majestueuse, l'esprit de l'auguste diva Hini Merbouha (1912-1986) a gravi les marches de la scène du TNA au rythme de la nouba Dil de l'art musical andalou qu'a interprétée son héritière Hini Hasna dans la langue de son aïeule, en tamazight, et sous la direction de son père Hini Smaïn qui dirigeait l'orchestre au qanoun (genre cithare). Pour une première, c'en est une en Algérie et dans le monde, a-t-on su de Hini Smaïn, le fondateur et le président de l'association Inchirah d'Alger. "La traduction de la nouba de musique classique Dil de la langue arabe vers tamazight est l'œuvre de l'artiste peintre et poète Mâamar Ghanem que nous dédions, ma fille Hasna et moi, en hommage à ma tante paternelle Djida Thamokrant", a déclaré cet enfant de la rampe Louni-Arezki. Autrement, l'hommage se veut aussi un "Zidane" contre l'oubli d'une diva qui a bercé de son répertoire des générations de mélomanes. Née à Ras n'Thala Tinzar (commune de Béni Maouche, Béjaïa) et veuve de chahid, Merbouha résidait à la rue Sidi Driss-Hamidouche (ex-rue de la Casbah). Mère courage, Merbouha n'avait d'yeux que pour ses enfants qu'elle avait élevés seule et à la seule douceur de sa voix. À ce sujet, L'la Yamina l'a enrôlée dans la troupe Nouba n'Lkhalet aux côtés d'autres divas, dont Ouardia Bouchemlal (1926-2014) dit N'na Chérifa, a-t-on su de sa petite-fille Houria. Eu égard au talent de l'étoile montante, les portes du studio Radio Alger de l'avenue Berthézène (actuelle Dr Chérif-Sâadane) s'ouvrirent à l'interprète d'Arras Tili. Ainsi et tour à tour s'ensuivirent les titres Bou Lâayoun et Thabrats qui s'étaient ajoutés à un répertoire riche de 150 chansons de sa propre composition lytique, a-t-on su du maestro Hini Smaïn qui avait à cœur d'honorer la mémoire de Djida Thamokrant, avec l'aval du ministère de la Culture et de la direction du TNA. En tomber de rideau, la chanteuse Hassiba Amrouche a mis le feu à la salle, où il y avait H'djila, la fille, et l'autre petite-fille, Souad, de la défunte Djida Thamokrant. Louhal Nourreddine