Ils étaient des milliers à les attendre au pied des marches quand, soudain, ils sont apparus, les hommes qui valent des milliards de dollars : 3,8 de recettes et 9 de produits dérivés, exactement, pour un budget total de 408 millions de dollars pour les cinq premiers épisodes. Georges Lucas, père fondateur de “Star Wars” et Ewa Mac Gregor, acteur phare du dernier volet. Ils ont grimpé jusqu'au Palais pour la présentation en avant-première de l'ultime aventure de Obi-Wan Kenobi, Anakin Skywalker et autres Yoda. La revanche des Sith a désormais un synopsis et des images. “Ce qui m'a poussé à réaliser les épisodes 1, 2, 3, explique Lucas, fut le désir de donner plus d'ampleur à l'aventure d'Anakin, cet homme qui, après avoir pris un excellent départ dans la vie, cède aux forces du mal et finit par être sauvé par ses enfants. Et c'est très excitant de voir ça prendre corps.” L'homme, sûr de lui, a, en tout cas, terminé sa galaxie. Elle était née dans son imagination alors qu'il avait 32 ans, elle s'achève alors qu'il a fêté ses 60 ans samedi. Sans changer de recettes de bons sentiments : de nouveaux personnages (les Wookies interprétés par… des basketteurs australiens), une nouvelle planète (Kashyyk), l'affrontement du Bien et du Mal, la lutte d'un individu face à ses peurs, l'héroïsme, l'amour, la souffrance et une touche de politique quand le chancelier Padalme devient dictateur et la République un empire. “J'ai écrit le premier volet au moment des années Nixon et de la guerre du Vietnam, a expliqué Lucas. Et à ce moment, la démocratie se faisait museler par un dictateur. J'ai aussi étudié l'histoire de Rome, Napoléon, Hitler… Les allers-retours entre démocratie et dictature sont un thème récurrent.” Pourtant, Stars Wars 3, la revanche des Sith est incontestablement le meilleur volet depuis la reprise en 1999. Après avoir ouvert l'ère du grand spectacle à Hollywood, à la fin des années 1970 et la prédominance des studios sur les réalisateurs, il avait pris le risque de revenir, pour le bonheur des millions de fans, mais en portant le flan aux critiques, jugeant à raison le scénario plat et tout juste rythmé par les effets spéciaux. L'épisode L'attaque des clones avait même reçu trois “razzies” aux Golden Raspberries Awards, parodie des oscars couronnant les pires navets américains. “Je vois, en fait, la saga comme un seul et unique film. Je ne fais pas attention aux spectateurs qui préfèrent tel chapitre ou tel autre. Mais nous avons découvert qu'il y avait deux générations de fans : les plus et les moins de 25 ans.” Mais, incontestablement, le nouvel opus, qui sortira cette semaine dans 40 pays simultanément, donne un nouvel éclat à la Guerre des étoiles. “Différent car plus émouvant”, avait annoncé le réalisateur, récompensé hier par le Trophée du festival à bord du Queen Mary 2 (bateau de croisière anglais). Pendant 2h20, le spectateur est tenu en haleine par la résolution de nombreux mystères : d'où vient la haine féroce de Vador contre Obi-Wan, son ancien ami ? Comment Yoda s'est-il enfui et, surtout, comment Anakin Skywalker a succombé au côté sombre ? Avec plus d'images numériques (90 minutes contre 60 et 70 aux précédents), il est aussi le plus violent (interdit aux moins de 13 ans aux Etats-Unis) et propose en apothéose le duel si attendu entre les deux personnages principaux. George Lucas s'est, lui, offert le plaisir d'y apparaître à la Hitchcok et de faire tourner ses trois enfants. Désormais, comblé d'avoir été au bout de la série, le richissime Lucas promet maintenant de s'attaquer à la production d'un nouvel Indiana Jones et “de faire un cinéma autrement”. Car la lumière sur Star Wars a remis sur la table les griefs contre les œuvres trop commerciales, laissant même au second plan les (beaux) films en compétition hier : Bataille dans le ciel, second long-métrage du surdoué mexicain Carlos Reygadas, mêlant lutte des classes avec le sexe et le crime, Une fois que tu es né de l'Italien Tullio Giordana, périple d'un jeune garçon sauvé de la noyade par des clandestins roumains. N. L. G.