Pour le grand plaisir de ses nombreux adhérents, l'Association des anciens élèves des lycées Mohamed-Kerouani et Malika-Gaïd de Sétif ont renoué cette semaine avec leurs habitudes de rencontres culturelles ou historiques autour d'un évènement ou d'un personnage donné. La reprise de ses activités s'est faite avec son invité, Pr Chemseddine Chitour, lui-même ancien élève du lycée Kerouani (ex-Albertini). Natif de Bordj et actuellement enseignant à l'Ecole polytechnique d'Alger en thermodynamique, l'invité, ému et ravi de se retrouver parmi les siens, dira sa joie pour ces retrouvailles avec ces têtes grisonnantes qui ont, pour la majorité, fait de brillantes études universitaires et un parcours professionnel remarquable. Car, dira-t-il, "nous avons été à bonne école. Certes, nous étions dans une période coloniale des plus sombres, mais ceux, parmi la population indigène, qui ont eu la chance d'aller à l'école ont compris qu'il fallait saisir cette opportunité et gratter tout ce qu'on pouvait y gratter comme savoir et enseignement". Ce fut là une introduction de rigueur pour dire toute l'importance de l'école, de l'enseignement et de l'éducation. Trois piliers capitaux pour construire une société saine et productive. "Nous avons grand besoin d'une école qui donne envie à nos enfants d'aller en classe", martèlera-t-il. Le sujet de cette rencontre s'est voulu un autre appel à la sensibilisation au danger que court la planète en général et l'Algérie en particulier, si on ne prenait pas garde de protéger son écosystème. Aujourd'hui, quelle transition énergétique pour l'Algérie ? Et que faire pour que le citoyen algérien se sente aussi impliqué dans ce processus ? Pr Chitour, fidèle à sa technique pédagogique pour expliquer d'une manière simple et fluide tous les phénomènes complexes que connaît la planète Terre, a brièvement fait l'historique du développement graduel de l'humanité, ce qu'il a intitulé "L'aventure humaine de l'intelligence", à commencer par la découverte du feu, du charbon, de la thermodynamique, pour arriver à la bombe atomique et à toutes les inventions technologiques actuelles qui font le bonheur des uns et le malheur des autres. "Le monde devient injuste et les inégalités sociales sont criantes. La géopolitique montre une évidence : tous les conflits religieux ou autres, et les guerres déclenchées ont lieu dans des endroits stratégiques dans le but de noyer leurs populations, ou les exterminer, pour spolier leurs terres et jouir de leurs richesses..." Mais le but de la rencontre de Sétif a été surtout de tirer la sonnette d'alarme pour dire qu'il y a danger en la demeure, sans pour autant être fataliste, dira l'intervenant. "Certes, le danger est là, mais on peut y faire face si on s'y emploie à temps (...) Les énergies renouvelables sont la solution. Nous devons mettre en place une stratégie énergétique qui impliquera tous les secteurs confondus (environnement, transport, agriculture, habitat, éducation et société civile). Les retombées n'en seront que positives, mais il va falloir commencer tout de suite et à la base ; d'abord à l'école en intégrant des modèles de conduite à l'enfant – et des parents – entre autres, bannir le gaspillage de l'eau et de l'électricité – et à l'université où il faut absolument revoir les programmes de formation pour former "utile" et permettre à notre économie de rattraper le coche." Une petite lecture de chiffres à l'horizon 2030 n'augure rien de bon, et si le développement durable ne prend pas les rênes de notre économie, les conséquences en seront désastreuses. Un message qu'a voulu transmettre ce pédagogue, éminent scientifique, ancien lycéen ayant puisé son savoir, d'abord sur les bancs de l'école, à Sétif, puis parti ailleurs, creuser d'autres puits du savoir, pour revenir le distiller ici... Samira Bendris-Oulebsir