Ironie du sort ! La cité devait être rasée et ses occupants relogés quelques jours avant le séisme. Ils y sont à ce jour. Deux ans après la catastrophe du 21 mai 2003, le danger menace toujours les habitants de la cité de recasement, située à l'entrée de Zemmouri, où s'entassent encore des familles dans de minuscules maisonnettes datant de l'époque coloniale. Cette cité, qui a l'aspect d'un bidonville en dur et qui enlaidit la ville, était programmée pour être démolie quelques jours seulement avant le séisme, alors que ses occupants, au nombre de plus de 500 personnes, devaient être transférées vers les 132 nouveaux logements situés à l'autre extrémité de la ville. Ironie du sort, le séisme se produit en ce jour du 21 mai 2003 et les bâtiments qui composent les 132 logements déjà réceptionnés s'écroulent comme des châteaux de cartes épargnant, heureusement, la vie des nombreux citoyens de cette cité qui s'apprêtaient à les regagner . “Nous remercions Dieu mais aussi, paradoxalement, l'entreprise réalisatrice de ce programme qui a accusé du retard dans la réalisation, sinon nous serions tous morts”, affirme un citoyen qui habite ce lieu de recasement depuis 1958. Les 110 habitations qui forment cette cité précaire seront toutes classées par le CTC orange 4, ce qui suppose qu'elles devraient être réconfortées et leurs occupants mis à l'abri provisoirement dans des chalets. Seulement voilà, les citoyens ont refusé les chalets, exigeant des autorités de maintenir leur décision d'éradication de la cité pour éviter à l'Etat de “jeter l'argent par la fenêtre”, précise M. Sahraoui Mohamed, président de l'association de cette cité, qui ajoute que “la plupart des habitants ont décliné les chalets de peur d'être transférés plus tard dans des bâtiments. En plus, il serait insensé de conforter une cité programmée pour être éradiquée”. Les membres de l'association continuent à multiplier les contacts avec les autorités (APC, wilaya…) pour faire aboutir le projet initié par leur association en collaboration avec l'APC de Zemmouri et qui consiste à transférer les habitants vers un autre site où il est prévu la construction de 140 logements de type individuel. Les efforts de l'association n'ont pas été vains puisque l'idée a fait son chemin et les autorités ont donné leur accord pour sa concrétisation. “D'une cellule de 56 m2, ces logements seront financés par les habitants eux-mêmes grâce au montant global évalué à 77 millions de Da versé par la CNL au titre des aides destinées aux logements à conforter”, nous précise Mme Chellah, directrice de la Dlep, qui ajoute qu'un bureau d'études a été désigné par l'APC pour suivre cette opération. Sur le terrain, les travaux d'assainissement d'un montant de 33 millions de Da sont presque terminés mais les citoyens, visiblement impatients, veulent être rassurés sur le début de l'opération de la construction des logements. Alors que M. Dramchini Boualem, le maire de Zemmouri, vient de demander au wali de Boumerdès le transfert des aides allouées pour les opérations de confortement vers le chapitre réservé aux constructions individuelles pour mieux canaliser l'opération, l'association, de son côté, multiplie les appels en direction du ministre de la Solidarité nationale pour les aider à financer le projet. “Du côté de la wilaya et de l'APC, nous sommes rassurés, mais nous attendons un geste de M. Ould Abbas à qui nous avons adressé un courrier dans ce sens. Il faut reconnaître que ce ministre a été toujours présent aux côtés de la population de Zemmouri”, affirme M. Mohammed Sahraoui, qui vient de réaliser un reportage filmé sur la catastrophe où des images inédites ont été prises juste quelques instants après cette terrible soirée de mercredi 21 mai 2003. M. T.