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Les enfants des bidonvilles
Commune de Tizi Ghenif
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2006

Au bout d'une pénible montée, Lydia, âgée de 11 ans, arrive enfin chez elle. Entre ses mains, frêles, deux bidons d'eau de 15 l.
Essoufflée, elle s'assoit au pas de la porte de la maison. « C'est ici que je suis née et que j'habite », indique-t-elle, en tentant à se débarrasser de la sueur qui coule sur le front de son visage innocent. Cette écolière habite un bidonville dans la daïra de Tizi Ghenif, une localité déshéritée située à l'extrême sud-ouest de Tizi Ouzou. Ce quartier est connu sous le nom de la Cité nord. Il date de la fin des années 1940. Cette cité était destinée initialement pour les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale ayant servi sous le drapeau français, nous dit-on. A l'indépendance de l'Algérie, elle a été occupée par 41 familles. Aujourd'hui, ces maisons menacent ruine, au vu et au su des autorités locales. Les murs tombent les uns après les autres. Ceux qui ont les moyens ont réparé les dégâts. D'autres guettent le danger, impuissants. Les tuiles de la toiture d'une partie des maisons se sont envolées et remplacées par des morceaux de tôle ondulée et rouillée. Les traces des infiltrations des eaux pluviales sont visibles à l'œil nu. Les faux plafonds en bois se détachent progressivement et les ravalements intérieurs s'effritent à cause de l'humidité. Les résidents de ce quartier vivent dans la promiscuité. Certaines familles, nombreuses, partagent un espace de quelques mètres carrés. La cité est privée de tout entretien de la part des services de la voirie de l'APC. Le réseau d'assainissement est saturé depuis des années. Les eaux usées ruissellent à l'air libre, à proximité des habitations. Les robinets d'eau sont à sec même en hiver.
Nécessiteux rançonnés
« Les services de l'APC de Tizi Ghenif ne viennent jamais pour régler nos problèmes. Ils nous refusent également de restaurer nos maisons sous prétexte que notre cité sera démolie dans peu de temps et que toutes les familles bénéficieront de nouvelles maisons individuelles dans le cadre de l'opération de résorption de l'habitat précaire », disent les membres de l'association de cette cité. Ces derniers affirment que « les pouvoirs publics nous promettent de nous faire sortir de ce bourbier depuis le début des années 1970. Jusqu'à ce jour, nous ne voyons rien arriver ». Le terrain qui devrait servir à la construction d'une nouvelle cité existe mais les travaux n'ont toujours pas débuté à cause des lenteurs administratives, proteste-t-on. « L'Etat nous demande de participer avec 30 millions de centimes chacun pour réaliser le projet. Cela n'a pas été prévu initialement », déclarent les résidents qui précisent : « L'administration nous avait expliqué que le projet en question sera entièrement pris en charge par les pouvoirs publics. Mais ce n'était finalement qu'un leurre. On nous exige de payer en une seule tranche une somme d'argent qu'aucun parmi nous ne possède. » A une centaine de mètres plus bas, des familles habitant un autre quartier, appelé la Cité de la gendarmerie, évoluent dans les mêmes conditions. Leurs maisons ont été démolies pour réaliser une nouvelle cité sur le même terrain. 31 familles ont été transférées dans un ancien hangar abandonné, appartenant à une coopérative apicole. Elles vivent provisoirement depuis 14 mois sous les tentes. Pour s'offrir plus d'espace, chaque famille a réalisé une autre pièce avec de la tôle et du contreplaqué, transformant ainsi l'endroit en un véritable bidonville. Ces dernières partagent des robinets collectifs. Les 71 autres familles sont prises en charge par des proches ou ont loué des appartements en ville. Elles attendent l'achèvement des travaux de construction de leurs nouvelles maisons dont le délai aurait été fixé à six mois seulement. Mais le projet est au ralenti. Les travaux sont au stade de la viabilisation, constate-t-on. L'attente semble s'inscrire dans la durée. « Nous avons été trompés par les responsables de l'APC qui nous avaient promis de nous reloger dans les meilleurs délais », accuse Ali, père de cinq enfants. Pis, « après avoir réussi à nous faire déplacer, ils nous demandent maintenant de payer une quote-part de 30 millions. A défaut, nous risquons d'être exclus de ce programme, alors que cette contribution n'a pas été mentionnée dans le contrat d'engagement que nous avons signé », dénonce Amar, son voisin. Le même problème s'est posé aussi pour les habitants de la Cité du stade où s'entassent de plus de 80 familles, rongées par la pauvreté et la misère. « Je vis ici depuis 1963. J'ai à ma charge une famille de quatre enfants que je nourris avec 4000 DA, une pension de mon défunt mari. J'ai constitué plusieurs dossiers de demande d'aide à un logement social qui n'ont jamais donné de résultats », se plaint une dame, la cinquantaine, exhibant une facture de 10 800 DA, le prix du loyer que l'APC lui réclame.
Le rêve de Lydia
Les représentants de l'association de la Cité du stade affirment : « Les autorités locales viennent pour effectuer des recensements et lancer des promesses qu'ils ne tiennent jamais. Elles nous interdisent de restaurer nos maisons mais elles ne nous proposent aucune solution pour nous faire éviter la catastrophe. » Et d'ajouter : « Nous sommes marginalisés par les autorités, car aucun habitant n'a bénéficié, depuis 1962, d'une aide de l'Etat ». Devant les lenteurs administratives, le terrain dégagé pour l'accueil de ces familles sinistrées risque de tomber dans les mains de la mafia du foncier, alerte-t-on. Interrogé sur tous ces problèmes, le président d'APC de Tizi Ghenif répond : « Les travaux de la Cité de la gendarmerie reprendront prochainement. Concernant la contribution financière des citoyens à la réalisation des nouvelles bâtisses individuelles, la somme est revue à la baisse. Elle a été fixée entre 8 et 10 millions de centimes pour chaque famille. Ceux qui ne disposent pas de cette somme peuvent postuler à l'aide à l'auto-construction ». Selon les représentants des habitants des trois cités, les familles qui sont dans la capacité de participer au projet de leur recasement sont très peu nombreuses. Cette situation risque ainsi de compromettre l'avancement de l'opération de relogement. Vu l'état trop vétuste des bâtisses, dont la plupart ne tiendraient pas le coup l'hiver prochain, des familles risquent de se retrouver à la rue. C'est le rêve de Lydia de grandir dans une demeure spacieuse et moderne qui ne se réaliserait pas.


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