L'Association nationale pour la protection et l'orientation du consommateur a établi un rapport accablant sur la manière avec laquelle sont fabriqués plusieurs produits alimentaires et agricoles. Le ministère de l'Agriculture se vante de la production nationale qui assure, selon le discours officiel, plus de 70% des besoins de l'Algérie en produits agricoles. Mieux, la production agricole de certains produits devrait augmenter cette année, à l'instar des céréales, de la pomme de terre, des dattes, des viandes rouge et blanche et du lait frais... Mais s'est-on un jour penché de manière sérieuse sur la qualité et le process de fabrication de ces produits destinés à la consommation locale ? Si les produits agroalimentaires dédiés à l'export, avec toutes les exigences requises, sont, de temps en temps, refoulés pour non-conformité ou autres irrégularités, l'on s'interroge, en toute légitimité, sur la qualité de ceux mis sur le marché domestique. L'Association nationale pour la protection et l'orientation du consommateur (Apoce) a établi un rapport accablant sur la manière avec laquelle sont fabriqués plusieurs produits alimentaires et agricoles. "Nous avons tiré la sonnette d'alarme depuis plusieurs années quant à l'usage abusif et anarchique des produits chimiques dans l'agriculture et l'élevage du bétail et de la volaille en Algérie", déplore Mustapha Zebdi, président de l'Apoce. Aujourd'hui, force est de constater que n'importe quel agriculteur peut se procurer tous les pesticides qu'il souhaite utiliser à partir d'un quelconque marché hebdomadaire. Sa non-maîtrise de l'utilisation de ce type de matières a souvent eu des conséquences néfastes sur la qualité du produit. Car, le paysan doit au moins connaître quelques notions de l'usage des fertilisants, des mélanges de substances entrant dans le domaine agricole, la période à respecter avant la récolte. "Tout éleveur de volaille a, actuellement, à sa portée tous les antibiotiques ou même des corticoïdes qu'il veut loin de tout contrôle des services concernés", relève M. Zebdi. De nos jours, "tant que ce risque persiste, personne ne peut confirmer et être formel que les produits agricoles algériens sont à 100% sains", affirme-t-il. Pour la filière de la volaille, l'on ne peut considérer que ce sont des produits sains, d'autant plus que 80% des éleveurs exercent dans la clandestinité et alimentent le marché informel. "Comment déclarer que nos produits agricoles sont de qualité irréprochable, alors que nous ne disposons pas de laboratoires spécialisés ?", s'interroge le président de l'Apoce. Ce qui signifie que les mécanismes de contrôle ne sont pas suffisamment rigoureux pour pouvoir rassurer le consommateur algérien quant à la nature des produits qu'il consomme, déduit-il. La putréfaction de la viande en 2016 constitue un exemple édifiant, puisqu'on est resté plusieurs mois pour trouver le complément alimentaire à l'origine du pourrissement de cette viande. Il y a lieu de rappeler aussi l'épisode de l'utilisation des eaux usées par des agriculteurs malveillants pour l'irrigation des fruits et légumes. Même la semence importée, est-elle contrôlée de manière stricte à propos de l'usage des OGM (organismes génétiquement modifiés) ? Ce manque flagrant en structures de contrôle laisse le champ libre au trafic de tous genres, il pose, de ce fait, un sérieux problème de santé publique et porte atteinte, sur les plans économique et politique, à la crédibilité du pays à l'international. B. K.