Les pays européens accueillant le plus de migrants, à l'image de l'Italie, la Grèce et l'Espagne, demandent plus d'équité dans la répartition des réfugiés, alors que ceux de l'Europe de l'Est refusent leurs quotas. Les déclarations du chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, sur le refus de l'Italie d'accueillir le bateau l'Aquarius de l'ONG SOS Méditerranée, ont provoqué une crise diplomatique entre Paris et Rome qui a convoqué l'ambassadeur français, ont rapporté les médias locaux. Le ministère italien des Affaires étrangères a indiqué, hier, avoir convoqué l'ambassadeur de France à Rome au lendemain d'une polémique entre les deux pays sur le sort de l'Aquarius, navire humanitaire en route vers l'Espagne avec 629 migrants à bord. L'ambassadeur, Christian Masset, sera convoqué au siège du ministère des Affaires étrangères (la Farnésina) à Rome, a indiqué une source diplomatique. Mardi, le président français Emmanuel Macron avait dénoncé la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien après son refus d'accueillir l'Aquarius". "Les déclarations concernant l'Aquarius qui proviennent de la France sont surprenantes", avait aussitôt rétorqué la présidence du Conseil italien dans une note écrite, ajoutant que "l'Italie n'avait pas à recevoir de leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner la tête sur la question migratoire". Il n'est pas exclu que la rencontre au sommet entre Emmanuel Macron et le nouveau président du Conseil italien Giuseppe Conte soit annulée, si la France ne présente pas d'excuses à l'Italie, a averti, hier, le ministre italien de l'Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini. "Si les excuses officielles n'arrivent pas, le Premier ministre Conte fera une bonne chose en n'allant pas en France pour ce sommet prévu demain", a-t-il déclaré à des journalistes. Il faut dire que la crise, qui couve entre les membres de l'UE, avait atteint son paroxysme l'année écoulée lorsque des pays de l'Europe de l'Est avait purement et simplement refusé les quotas d'accueil de migrants fixés par Bruxelles. C'est encore le cas, aujourd'hui, avec le rejet en bloc des propositions d'Angela Merkel, qui prône la mise en place d'un système flexible de répartition des tâches dans lequel chaque pays pourrait apporter des contributions équivalentes. En clair, cela pourrait obliger par exemple les pays qui refusent de prendre des réfugiés à aider financièrement ceux qui sont en première ligne. Le dernier à l'avoir rejeté est le Premier ministre tchèque Andrej Babis, en déclarant : "Nous devons arrêter cette migration hors du continent européen et aider ces gens en Afrique et en Syrie", a poursuivi Andrej Babis. "L'idée que Frontex va tout protéger n'est pas réaliste à long terme", a-t-il conclu. L'UE ne semble plus constituer le cadre global de la définition de la politique de Bruxelles sur ce sujet, puisque l'Autriche a annoncé, hier, qu'elle planche avec quelques Etats de l'UE sur l'établissement de centres d'accueil de migrants à l'extérieur de l'Union pour héberger et offrir une protection, mais pas une vie meilleure. Merzak Tigrine