Résumé : Mahmoud constate que, sous son apparence joviale, sa jeune femme est triste. Il tente de la consoler et lui promet de la rendre heureuse. Elle se calme et reconnaît qu'elle avait peur de sa belle-mère. Fettouma lui pince le bras. Lorsqu'on arrive au stade d'une belle-mère, on ne fait plus référence au passé. Elle sourit. -Je pense que pour nous le sujet est clos. Ta mère me connaît depuis ma naissance, et je lui ai toujours voué admiration et respect. Maintenant qu'elle est devenue ma belle-mère, je tenterai de me rapprocher davantage d'elle et de faire en sorte qu'elle ne ressente pas ma présence comme celle d'une intruse dans la famille. Mahmoud est ému. Fettouma paraissait si jeune, si innocente, si vulnérable. Il la prend dans ses bras et se met à la bercer comme un enfant. 1946 - LA MAISON. Une année passe. Mahmoud et Fettouma vivaient quotidiennement leur petit bonheur. Le jeune homme était attentif aux désirs de sa jeune épouse, et cette dernière, qui venait de boucler ses 16 ans, ressentait cet amour entre eux comme le plus beau cadeau qu'elle n'ait jamais reçu. Mais c'était compter sans sa belle-mère. Comme elle l'appréhendait déjà au début de son mariage, et une fois les lampions de la fête éteints, Fettouma dut reconnaître que Lla Kheira n'était pas facile à vivre. Loin s'en faut. C'était une femme qui n'arrêtait pas de faire des remarques acerbes tout au long de la journée et reprochait à sa belle-fille sa lenteur et son manque de savoir-faire. Elle s'amusait à déverser des seaux d'eau et réclamait à sa bru de renettoyer le sol, ou de relaver le linge. Par contre, en ce qui concernait la cuisine, Lla Kheira qui s'estimait experte dans l'art culinaire redoublait de zèle dans la préparation des plats, du pain et des gâteaux. Cependant, elle permettait à Fettouma de demeurer auprès d'elle afin de lui inculquer certaines astuces qui, selon elle, lui serviront plus tard pour préparer les plats que son mari affectionnait. Fettouma qui aimait cuisiner trouvait ces moments divertissants. Parfois, elle pouvait même faire quelques suggestions sur le goût d'un mets, qu'on pourrait relever avec une épice ou des herbes fraîches. Alors la vieille Kheira la toisait avant de reconnaître, de mauvaise grâce, que c'était plutôt une bonne idée. Lla Z'hor, la mère de la jeune femme, descendait de temps en temps dans la grande cour, pour laver son linge ou aider sa fille à faire son ménage. Lla Kheira qui passait le plus clair de ses matinées assise au préau, et à proximité de son "nafekh", ne ratait jamais ces occasions pour cracher son fiel. Au passage de Lla Z'hor qui la saluait, elle répondait du bout des lèvres, avant de se lancer dans un vocabulaire de reproches et de critiques à l'encontre de sa bru. Elle aimait surtout rappeler à ceux qui l'avaient peut-être oublié, que c'était elle la maîtresse des lieux, et que c'est à elle seule qu'on devrait demander l'autorisation d'utiliser les bassines, les seaux, ou les ustensiles de cuisine. (À SUIVRE) Y. H.