RéSUMé : Mahmoud constate que, malgré son apparence, sa jeune femme est triste. Elle ne tarde pas d'ailleurs à verser quelques larmes. Il tente de la consoler et lui promet de la rendre heureuse. Elle se calme et reconnaît qu'elle avait peur de sa belle-mère.… 18iéme partie Fettouma hoche la tête : - Souvent, on oublie ces choses. On oublie qu'on a épousé un homme qui avait aussi une maman… Elle sourit. - Laisse donc tomber tout ça, Mahmoud. Je saurais bien me faire accepter par ta maman. Et quelles que soient les choses, je saurais les accepter rien qu'en pensant à toi. Mahmoud est ému. Fettouma paraissait si jeune, si vulnérable, si sincère. Il lui entoure les épaules de son bras et se met à la bercer comme un enfant. La grande maison - 1946 Une année est passée. Mahmoud et Fettouma semblaient heureux et aucun nuage n'est venu obscurcir leur ménage. Le jeune homme était attentif aux désirs de sa femme, et cette dernière faisait tout ce qui est en son pouvoir pour lui rendre la vie facile et heureuse. Mais c'était sans compter sa belle-mère. Comme elle l'appréhendait déjà au début de son mariage, Fettouma eut tôt fait de reconnaître que lla Kheïra n'était pas facile à vivre. Loin s'en faut. C'était une femme qui n'arrêtait pas de faire des remarques acerbes tout au long de la journée et trouvait Fettouma trop lente à effectuer les tâches ménagères, ou que ces dernières sont mal exécutées. Elle s'amusait à déverser des seaux d'eau et réclamait à sa bru de renettoyer le sol ou de relaver le linge. Par contre, la cuisine était son propre domaine. Fettouma ne devrait surtout pas toucher à une pomme de terre ou à un oignon. Lla Kheïra, qui s'estimait experte dans l'art culinaire, redoublait de zèle dans la préparation des plats et du pain et même des gâteaux. Quelquefois, cependant, elle appelait Fettouma et lui demandait de se tenir à ses côtés pour lui apprendre les éventuels astuces – qu'elle n'avait pas apprises chez sa mère – et qui lui serviront plus tard pour préparer les plats que son mari affectionnait. Fettouma, qui aimait cuisiner, trouvait ces moments assez intéressants, même si elle devait les passer en compagnie d'une femme qui lui faisait des remarques sur tout. Lla Z'hor descendait de temps à autre dans la grande cour pour laver son linge ou aider sa fille. Lla Kheïra, qui passait le plus clair de ses matinées assise à proximité de son nafekh, dans le grand couloir qui faisait face à la cour, ne ratait jamais ces occasions pour cracher son fiel. Au passage de lla Z'hor qui la saluait, elle ne répondait que du bout des lèvres, et parfois ne répondait même pas. Par contre, elle lançait de temps à autres des “formules” assez lourdes de reproches pour faire sentir à son entourage que c'est elle la maîtresse de maison, et que c'est à elle qu'on devrait demander tout d'abord l'autorisation d'utiliser les bassines, les seaux ou les ustensiles.