Résumé : Fettouma est perplexe. Les choses allaient trop vite à son goût. Sa mère venait de lui annoncer que son mariage aura lieu dans les 15 jours à venir. La jeune fille sentit une tristesse l'envahir. C'est à son enfance qu'elle doit dire adieu ! Mais le destin en avait décidé ainsi. Elle se met à caresser sa poupée, et à lui parler : "Tu vois ma puce, je vais devoir t'abandonner pour entamer une autre vie. J'aurais voulu que tu m'accompagnes, mais Lla Kheira va clamer tout haut et raconter à tout le voisinage que je ramène une poupée dans mon trousseau, et que je ne suis qu'une sale enfant gâtée, pourrie, et qu'elle a eu la malchance de m'avoir pour bru. Elle va se lamenter et prendre en pitié son fils Mahmoud qui n'aura pas fait le bon choix..." Fettouma verse encore quelques larmes, puis ressortit de son coin pour aider sa mère à servir le dîner. Son père était déjà rentré et sirotait un café. Elle l'embrasse sur le front et détourne vivement la tête, pour qu'il ne remarque pas ses yeux rougis. Un hibou pousse un cri lugubre, et sa mère lance : "Que ton cri aille en enfer, oiseau de mauvais augure et que Dieu nous préserve des malheurs." La jeune fille sortit sur le balcon pour récupérer la table basse qu'on déposait dehors afin d'avoir un peu plus d'espace à l'intérieur de la grande chambre. Aujourd'hui, je vous ai préparé un plat que vous affectionnez tous les deux, dit Lla Z'hor en souriant. -Qu'as-tu donc préparé femme ? -Tu n'as qu'à en humer les odeurs... Si Ahmed redresse la tête et ses narines frémissent. Il sourit satisfait : -Du mesfouf ? -Oui, du mesfouf au petit-lait... -Hum... Je sens déjà mes intestins gargouiller... -Qu'attends-tu donc femme pour servir le dîner ? -J'en ai pour une minute. Elle jette un coup d'œil à Fettouma, et cette dernière dépose les assiettes, les couverts et les serviettes soigneusement pliées sur la table, avant d'aller chercher le pichet d'eau. Ils dînèrent silencieusement, puis Si Ahmed quitte les lieux pour aller retrouver quelques voisins au café du quartier, question de se changer les idées, mais avant cela, il avait jeté un regard assez conséquent à sa femme. Cette dernière avait hoché la tête, et prit son air sérieux des grands jours. Fettouma, à qui rien n'échappe, avait remarqué le manège. Elle se met à débarrasser la table, mais Lla Z'hor la retint par le bras : -Laisse ça et viens t'asseoir auprès de moi ma fille. La jeune fille qui s'attendait à ce que sa mère lui prodigue mille et un conseils pour le grand jour, ne se fera pas prier. Cette dernière entoure de son bras les épaules de sa fille, et lui dit : -Tu sais Fettouma, la vie conjugale n'est pas de tout repos. Tu vas devoir t'occuper de ton mari, certes, mais aussi de tes beaux-parents. Lla Kheira n'est pas une femme facile, je le concède, mais Si Tayeb est un brave homme, tout comme son fils. Et je sais qu'il ne laissera personne te faire du mal. -Qui voudra me faire du mal maman ? Lla Kheira ? -Peut-être... Tu sais bien que les belles-mères sont parfois jalouses de leurs brus. Mais ce n'est pour autant qu'elles sont mauvaises. Parfois, ce sont les circonstances qui les poussent à faire du mal. -Quelles circonstances ? Lla Kheira vit bien... Son mari est un grand commerçant et son fils lui obéit au doigt et à l'œil. (À SUIVRE) Y. H.