Cette opération de remboursement par anticipation de certains souscripteurs à l'emprunt obligataire nécessitera l'impression de 300 à 400 milliards de dinars. Le Trésor public envisage de rembourser par anticipation certains souscripteurs à l'emprunt obligataire pour la croissance lancé en 2016, avons-nous appris auprès du P-DG d'une compagnie d'assurances. Seront concernées par cette opération les investisseurs institutionnels : des banques de la place et des compagnies d'assurances ayant souscrit à l'emprunt obligataire lancé, faut-il le rappeler, en avril 2016 et clôturé au mois d'octobre du même exercice. La planche à billets va servir de levier à cette opération de remboursement surprise qui n'était pas prévue dans les conditions d'émission de l'emprunt. Mais qui soulève immédiatement moult questionnements sur ce qui semble être un usage excessif de cet instrument de financement. Notamment la substitution du financement de l'impasse budgétaire par un moyen non inflationniste à un mode de financement inflationniste. Il y a quelques jours, les situations mensuelles de la Banque d'Algérie, publiées au Journal officiel, ont levé le voile sur des tirages en quantités "industrielles". En effet, la Banque d'Algérie a mis à la disposition du Trésor un cash-flow d'une valeur estimée à 3 585 milliards de dinars, en application de l'article 45 bis de l'ordonnance n°03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit complétée par la loi n°17-10 du 11 octobre 2017. L'autre question qui s'impose est celle de savoir pourquoi le Trésor s'engage-t-il sur cette pente juridiquement glissante ? Etant donné que la durée des placements est de trois et cinq années. L'emprunt était assorti d'un taux d'intérêt de 5%, pour une souscription de 3 ans, et de 5,75%, pour une durée de 5 ans, en exonération d'impôts. Aucune clause de remboursement par anticipation n'était prévue dans le prospectus de l'émission. Il ne s'agit là que du fait du prince, pensant faire des économies d'intérêts, s'accordent à dire certains intervenants sur la place financière. Le calcul serait le suivant : les quantités de monnaie mises à la disposition du Trésor par la Banque centrale sont assorties d'un taux d'intérêt de 2%, tandis que les titres de l'emprunt sont assortis de deux taux, à raison de 5% pour les souscriptions de trois ans et de 5,75% pour les souscriptions de cinq ans. L'idée de base serait de faire une économie de 3 à 3,75% sur les taux d'intérêt en ayant recours à une opération de remboursement par anticipation. "C'est une spoliation d'intérêts", s'insurge un analyste financier, intervenant sur le marché financier. "Si ce remboursement par anticipation, non prévu par la documentation juridique de l'emprunt était avéré, la parole de l'Etat, son crédit, en prendraient un sérieux coup !", souligne notre interlocuteur. La valeur des tirages de monnaie risque de grimper par-dessus tout. Cette opération de remboursement par anticipation de certains souscripteurs à l'emprunt obligataire nécessitera l'impression de 300 à 400 milliards de dinars. Au 31 mars dernier, la valeur des tirages était déjà de 3 585 milliards de dinars, alors que les besoins pour l'année risquent de s'avérer, pour le moins, pesants, compte tenu des attentes en matière d'investissement et de couverture financière. Ali Titouche