Le RCD, dont le bureau régional de Tizi Ouzou a animé, hier, une conférence de presse consacrée exclusivement au blocage, depuis maintenant sept longues années, du projet de la zone industrielle de Souamaâ, n'a pas hésité à accuser l'administration d'être la seule responsable du blocage de ce projet qui revêt une importance capitale pour le développement économique et social de la région. "Nous avons la conviction que l'administration bloque sciemment et en connaissance de cause le projet de la zone industrielle de Souamaâ pour qu'il ne voit jamais le jour", lit-on dans la déclaration liminaire du RCD, qui estime qu'à travers sa démarche, l'administration a un double objectif, à savoir poursuivre, d'une part, sa politique d'entrave au développement de la région, à l'instar de ce qu'elle fait subir au groupe Cevital à Béjaïa, et alimenter, d'autre part, son discours selon lequel, c'est la population de Kabylie qui bloque les nombreux projets inscrits par un Etat "bienveillant". "Il s'agit d'un blocage délibéré visant à casser l'investissement en Kabylie", a insisté, lors de son intervention, l'élu APW et président du bureau local du RCD, Malik Hessas, avant de s'étaler sur les faits qui ont fondé sa conviction. Dans un premier temps, a souligné le conférencier, l'administration a refusé de reconnaître une décision de justice en faveur des propriétaires sous prétexte qu'elle a été rendue par un tribunal colonial et, dans le même temps, pour justifier la nature domaniale du terrain, elle fait valoir le sénatus-consulte établi par cette même administration coloniale, puis, dans un second temps, acculée, la direction des domaines revient sur sa première version et argumente son rejet de cette décision de justice datant de 1894 par le fait qu'elle n'ait pas fait l'objet de formalités de publication alors que celles-ci ne sont devenues indispensables que depuis 1962. "Aujourd'hui, on peut clairement affirmer que l'administration a instruit ce dossier à charge et lui donne l'orientation qui l'arrange. La légalité et les droits des citoyens sont carrément balayés : c'est un abus de pouvoir caractérisé", a-t-il estimé. Pour sa part, le député Yacine Aïssiouane a expliqué que "c'est la Direction des Domaines qui s'est opposée et qui a été à l'origine de l'interruption de l'opération de cadastre qui avait atteint un taux d'avancement de 40%. Que l'administration laisse l'opération se poursuivre et qu'elle s'oppose ensuite, comme le prévoit la loi, devant la commission d'arbitrage présidée par un magistrat si elle détient des documents prouvant que ces terrains relèvent de sa propriété". "Nous demandons juste à l'administration de respecter la loi pour pouvoir avancer", a-t-il plaidé. Pour les élus du RCD, le fait qu'une enveloppe de 2,45 milliards de dinars ait été dégagée pour l'indemnisation des terrains à exproprier constitue une autre preuve qu'au fond, l'administration était convaincue qu'il y a des propriétaires à indemniser, mais malgré cela, elle campe sur sa position première, à savoir que le terrain est la propriété des Domaines et refuse catégoriquement de reconnaître les propriétaires qui, eux, ne s'opposent point à la création de cette zone industrielle, mais réclament juste leurs droits. "Et que vaut cette somme réservée à l'indemnisation devant le gain qu'aurait pu générer cet investissement s'il avait été réalisé il y a cinq ans ?", s'est interrogé le député du RCD convaincu, dit-il, que c'est l'attitude de l'administration qui confirme l'existence d'une volonté délibérée de bloquer l'investissement dans cette région. Samir LESLOUS