Un refus d'agréer le FCE en tant que syndicat déboucherait sur une situation pour le moins inédite, alors que le Forum, en tant qu'association, serait déjà dissous depuis l'assemblée générale de janvier dernier. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) peine à faire aboutir sa demande pour le changement de son statut. Officiellement, les autorités n'ont pas encore acquiescé au vœu des patrons du FCE qui veulent élever leur organisation au statut de syndicat. La demande est en souffrance dans les tiroirs du ministère du Travail — instance habilitée à délivrer le précieux sésame — depuis plusieurs mois déjà sans qu'aucun justificatif soit apposé à ce retard. Même le patron du FCE, Ali Haddad, n'a pas pu expliquer à ses plus proches lieutenants les raisons de cette panne persistante. Selon nos sources du FCE, le président du Forum des chefs d'entreprise, qui a réuni récemment les membres du conseil exécutif de son organisation, a reconnu que "ça coinçait" toujours et qu'il était "à court de solutions". Un refus d'agréer le FCE en tant que syndicat déboucherait sur une situation pour le moins inédite, alors que le Forum en tant qu'association serait déjà dissous depuis l'assemblée générale de janvier dernier. En effet, cette AG aurait entériné la dissolution du FCE en tant qu'association de réflexion pour préparer son passage réglementaire au statut de syndicat. La situation n'a pas évolué d'un iota. Et cette métamorphose des statuts tant espérée bute, selon certains, sur un défaut de conformité avec les conditions réglementaires. C'est-à-dire que ce passage au statut de syndicat, un fantasme qui anime bien de patrons du FCE, était tributaire de la convocation d'une assemblée générale constitutive, chose qui n'a pas été faite, à en croire nos sources. À ce stade déjà, sans même que le dossier d'agrément puisse aboutir, l'affaire aura fait date. Le FCE compte en tout cas reprendre de zéro ses démarches réglementaires en vue de se conformer au mode d'emploi fixé par la loi. "Cela prendra du temps. L'assemblée générale élective prévue en novembre risque d'être ajournée. En tout cas, si d'ici là l'incertitude autour de la demande d'agrément pour le syndicat persiste, cette AG n'a plus raison d'être, car le FCE n'existe plus juridiquement", témoigne un des membres de cette organisation patronale. D'autres membres que nous avons pu contacter doutent que le défaut de conformité au processus réglementaire soit aux sources de cette impasse persistante. Serait-ce un recadrage politique ? Possible, selon eux. "Le président n'est plus celui qui faisait la pluie et le beau temps, s'appuyant sur ses soutiens dans les plus hautes sphères de l'Etat", nous dit-on. Dit autrement, dans les centres de décision, il y aurait un retournement de situation qui fait que certains appuis dont bénéficiait le président du FCE seraient réduits au silence. En tout cas, cette affaire de blocage dont souffre le dossier d'agrément déposé par le FCE en vue de se transformer en syndicat aura été un indicateur, on ne peut plus clair, d'une situation aussi inhabituelle que déroutante. Dans sa quête d'un statut autre que celui d'une simple association, le Forum des chefs d'entreprise voulait repartir encore plus fort. Ses ambitions lui ont valu probablement "un recadrage" à l'heure où la présidentielle de 2019 fait planer un climat de suspicion tant au sein du pouvoir qu'à l'extérieur. Des patrons du FCE expliquent, en revanche, que le passage au statut de syndicat était nécessaire pour se faire représenter au sein de certaines organisations internationales. Une chose est sûre, cette affaire aura fini par susciter à la fois le doute et le courroux parmi les patrons du Forum des chefs d'entreprise. Mais pas seulement. La question laisse dubitatif plus d'un tant il est vrai que de telles conjonctures de fragilité politico-économiques sont souvent propices aux coups bas, au resserrement des alliances, comme aux divisions. Ali Titouche