Il n'échappe à aucun malade admis dans différents hôpitaux de la wilaya de Tizi Ouzou d'entendre que les scanners, qui ont englouti des milliards de centimes pour leur acquisition et leur installation, ne sont pas opérationnels. De l'hôpital Krim-Belkacem, à Draâ El-Mizan, jusqu'à l'hôpital Ahmed-Ali Amar d'Aïn El-Hammam, en passant par celui de Boghni et, plus à l'Est, celui d'Azazga, pour ne citer que ceux-là, aucun scanner n'est en service. Une fois acquis, ces équipements, qui auraient servi à désengorger le CHU de Tizi Ouzou et qui auraient, surtout, servi à faciliter l'accès des patients des localités rurales aux diagnostics approfondis, "sommeillent" dans les salles qui leur ont été aménagées sans pour autant servir à quelque chose. "C'est un scanner acquis en 2015. À l'annonce de l'information, les citoyens de toute la daïra de Draâ El-Mizan étaient soulagés. Mais finalement, trois ans après son installation, il ne fonctionne pas", nous confie un malade accosté devant l'hôpital Krim-Belkacem de Draâ El-Mizan. Le constat est le même dans la plupart des autres établissements hospitaliers publics de santé de la wilaya. À Boghni, il a été acquis en 2012. "Justement, je saisis cette occasion pour interpeller le ministre à ce sujet. Je rappelle aussi que le problème de ce scanner a été soulevé dernièrement par notre député Belkacem Benbelkacem, en pleine plénière à l'APN. Et il n'est pas normal qu'on laisse un appareil de plus de 4 milliards de centimes dormir dans une salle. Or, des dizaines de malades ont besoin de cet appareil radiologique", regrette un membre actif de la société civile dans cette région. "Un simple radiologue peut le faire fonctionner mais il y a un problème de manque de spécialistes pour la lecture des données de ce genre de radiographie. Il y a un manque de radiologues spécialisés dans ce domaine à l'échelle nationale", nous confie une source proche de l'hôpital Krim-Belkacem de Draâ El-Mizan. D'ailleurs, comme ces scanners ne sont pas en service, les malades sont souvent orientés vers les privés moyennant des dépenses faramineuses que rares sont ceux qui peuvent les consentir en ces moments de crise. "À quoi servent alors ces scanners ?", se demandent les patients. Il eût été préférable de consacrer l'argent destiné à leur achat à des équipements moins coûteux et dont les malades auraient tiré profit. "J'aurais aimé que notre hôpital soit doté d'autres moyens nécessaires à son bon fonctionnement plutôt que de mettre la bagatelle de plus de 4 milliards de centimes dans un appareil qui, au final, ne sert à rien. C'est de l'argent jeté par les fenêtres", nous répond un directeur d'hôpital qui a requis l'anonymat. En somme, il est temps que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière réfléchisse sur la façon de rentabiliser ces appareils en signant par exemple des conventions avec des radiologues privés, d'autant plus que leur utilisation est indispensable pour aider les médecins et les chirurgiens dans l'exercice de leurs nobles tâches quotidiennes, d'une part, et pour faire bénéficier les malades des prestations de ces appareils, d'autre part, en attendant, peut-être, que des radiologues spécialisés soient formés pour s'occuper de ces scanners. O. Ghilès