Inquiète des conséquences du bras de fer opposant l'UE et l'Italie sur les 150 migrants bloqués dans un navire dans un port en Sicile, le Haut-Commissariat pour les réfugiés a exhorté hier les deux parties à les débarquer et les "accueillir d'urgence". L'ONU a appelé hier Rome à débarquer les migrants bloqués à bord d'un navire des garde-côtes italiens en Sicile tout en appelant les Européens à les accueillir d'urgence. Dans un communiqué, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) "lance un appel aux Etats membres de l'Union européenne pour qu'ils offrent d'urgence des places de réinstallation à quelque 150 personnes secourues qui restent à bord du Diciotti, navire des garde-côtes italiens". "En attendant, le HCR exhorte les autorités italiennes à autoriser le débarquement immédiat des personnes à bord", a-t-il ajouté. Plus d'une semaine après le sauvetage de 190 migrants, du 15 au 16 août dernier en Méditerranée, par le Diciotti, environ 150 se trouvent toujours à bord, les autres, dont une trentaine de mineurs, ayant été autorisés à débarquer. Selon le HCR, "la majorité de ceux qui se trouvent à bord proviendraient de pays producteurs de réfugiés". Cette affaire est à l'origine d'un bras de fer entre Rome et Bruxelles, alors que le nouveau gouvernement populiste italien a accru la pression sur les autres pays de l'UE pour qu'ils partagent davantage la prise en charge des arrivants. Le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, avait donné jusqu'à ce vendredi à Bruxelles pour trouver une solution sur la répartition des migrants bloqués sur le Diciotti, menaçant de réduire ses versements à l'UE. Rappelons qu'un porte-parole de la Commission européenne a balayé vendredi l'ultimatum italien, soulignant que les Européens continuaient "de travailler intensivement pour résoudre la situation". Mais la situation des migrants à bord du Diciotti n'avait pas évolué vendredi à l'issue d'une réunion organisée à Bruxelles entre hauts responsables diplomatiques de 12 pays membres sur la question de la migration. "Il est dangereux et immoral de mettre en danger la vie des réfugiés et des demandeurs d'asile pendant que les Etats se livrent à une lutte politique pour trouver des solutions à long terme", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, cité dans le communiqué. Le HCR a conclu son communiqué en soulignant que "des vies sont en jeu. Déjà en 2018, plus de 1 600 personnes ont perdu la vie en tentant d'atteindre les côtes européennes, bien que le nombre de personnes tentant de traverser se soit considérablement réduit par rapport aux années précédentes". Par ailleurs, le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio a confirmé vendredi son intention de réduire la contribution de l'Italie au budget de l'Union européenne, faute d'accord à Bruxelles sur le sort de migrants bloqués sur un navire italien. "L'Union européenne a décidé de tourner le dos à l'Italie encore une fois", a écrit M. Di Maio sur sa page Facebook, ajoutant que son pays n'avait alors d'autre choix que de "prendre de manière unilatérale, une mesure compensatrice". "Nous sommes prêts à réduire les fonds que nous donnons à l'Union européenne", a-t-il ajouté, soulignant que l'Italie n'accepterait plus d'être "humiliée". "Si en Europe, ils font semblant de ne pas comprendre, étant donné que nous payons abondamment, on fera ce qu'il faut pour payer un peu moins", a déclaré vendredi soir M. Salvini, interrogé par une radio italienne. Merzak T./Agences