À travers cette manifestation, les mairies de Paris et du 13e arrondissement ont organisé différentes activités sur le parcours de l'écrivain, entre exposition, rencontre et un concert musical de son fils Amazigh. Mais le point d'orgue de ces festivités est sans conteste l'inauguration, aujourd'hui, du jardin Kateb-Yacine. Dans le cadre des journées de la Méditerranée, les mairies de Paris et du 13e arrondissement rendent hommage à l'écrivain et dramaturge algérien Kateb Yacine. Le programme a débuté par une exposition qui se tient dans la galerie de la mairie du 13e du 1er au 12 octobre et qui retrace la vie de l'écrivain. C'est dans la même enceinte qu'est programmé un concert de son fils Amazigh Kateb, qui devait se tenir dans la soirée d'hier. Dans l'après-midi d'aujourd'hui, sont prévues des activités festives, toujours à la mairie du 13e. Des stands sont consacrés à la culture méditerranéenne et à l'écriture et la poésie de Kateb Yacine. Mais le point d'orgue de ces festivités est sans conteste l'inauguration, ce samedi 6 octobre à 14h, du jardin Kateb-Yacine, situé entre le boulevard de l'Hôpital, la rue Rubens, la rue Watteau et la rue du Banquier. C'est un jardin créé en 2000 au sein d'une résidence de logements sociaux. Un quartier où habitent des gens de condition modeste, comme les aimait Kateb Yacine. L'espace vert, rattaché à la mairie du 13e arrondissement, est un petit coin de campagne entre les immeubles. Dans la partie centrale, des talus gazonnés entourés de palmiers donnent à l'endroit un visage méditerranéen. Il comporte une aire de jeux où les enfants peuvent s'amuser, ainsi qu'un terrain de pétanque pour les adultes du quartier. De grands tilleuls offrent au jardin des coins d'ombre reposants. La particularité de cet espace vert est qu'il contient des jardins familiaux où des parcelles de légumes et de fleurs sont cultivées par les habitants dans un cadre associatif. Cet hommage à Kateb Yacine est une reconnaissance de son immense talent, de son œuvre littéraire et de son parcours d'homme libre qui s'est toujours engagé pour les causes justes comme la liberté et la justice. Il faut d'ailleurs rappeler qu'une bibliothèque de Grenoble porte son nom depuis 2005, de même que le théâtre communal de Tizi Ouzou. Né en 1929 à Zighoud-Youcef (wilaya de Constantine), originaire de Guelma, Kateb Yacine s'est enraciné dans la culture millénaire de son pays, y compris sa dimension amazighe qu'il n'a pas cessé de revendiquer, tout en donnant à son œuvre un caractère d'universalité. C'est en 1946 qu'il publie Soliloque qui sera réédité par Bouchene en 1991. Suivra un recueil d'une conférence donnée à Paris en 1947, sous le titre Abdelkader et l'indépendance algérienne, aux éditions Nahda. L'œuvre majeure de Kateb Yacine, Nedjma, paraîtra aux éditions du Seuil en 1956, suivie du Cercle des représailles en 1959, le Polygone étoilé en 1966, L'Homme aux sandales de caoutchouc (théâtre) en 1970, tous édités chez le Seuil. On connaît également à Kateb Yacine des pièces de théâtre comme Le Cadavre encerclé, Les Ancêtres redoublent de férocité, La Poudre d'intelligence, etc. Progressiste, humaniste et entier, Yacine aura marqué non seulement la littérature algérienne d'expression française, mais aussi le paysage culturel algérien dont il n'a jamais cessé de bousculer les tabous et les conformismes. Partisan des langues populaires que sont tamazight et l'arabe dialectal, Kateb Yacine a combattu les idées et les pratiques des tenants d'une culture arabo-islamique exclusive. Cela lui aura valu bien des déboires avec les autorités, ponctués d'une sorte de "bannissement" à Sidi Bel-Abbès destiné à l'éloigner de la capitale où son activisme dérangeait l'ordre établi. En résumé de la biographie qu'il lui a consacré en 1974, l'universitaire Gérard Faure écrivait : "Kateb Yacine est très généralement comme l'écrivain algérien le plus important aujourd'hui, alors qu'il n'a fait éditer que quatre livres depuis 1956. Si Kateb a tant compté pendant ces deux décennies, c'est que son œuvre est au carrefour d'obsessions personnelles (la mère démente, Nedjma), de mythes collectifs (les ancêtres) et de l'histoire (évènements de Sétif, émigration, guerre de libération, problèmes de l'indépendance). Parlant de soi, Kateb a constamment parlé des autres et aux autres. Il me paraissait important d'analyser les composantes dont l'œuvre constitue, de façon étonnante et passionnante, la synthèse." Kateb Yacine est décédé le 28 octobre 1989 à Grenoble et enterré au cimetière d'El-Alia en Algérie. Mais Nedjma continue de briller. De Paris : Ali bedrici