Au 120e Mondial Paris Motor Show, qui a ouvert, hier, ses portes au grand public au palais des expositions à Porte-de-Versailles, les constructeurs automobiles présents, soit plus de 50 firmes, sont dans le doute. Et si certains grands groupes automobiles ont boudé ce rendez-vous planétaire, qui imposait autrefois une meilleure visibilité du marché et de l'industrie automobile, il n'en demeure pas moins que le moral des participants est loin d'être au beau fixe. En se voilant la face sur le fait que les nouveaux modèles électriques allaient changer la donne, l'incertitude gagne ce prestigieux salon qui se déroule tous les deux ans en France. Avec les nouvelles normes d'émission en CO2 entrées en vigueur en septembre dernier, ajouté aux prix des voitures qui flambent, les constructeurs vont vivre les pires moments au 120e Mondial Paris Motor Show qui promet, pourtant, des innovations à vous couper le souffle. C'est dire que le doyen des salons du secteur automobile, le plus fréquenté après celui de Frankfurt, réserve une ambiance morose et des temps difficiles pour l'industrie automobile, pour paraphraser le directeur de l'Institut allemand Center Automotive Research (CAR), Ferdinand Dudenhöffer. La guerre commerciale provoquée par le président des Etats-Unis d'Amérique, Donald Trump, le Brexit qui menace des centaines de milliers d'emplois, les sanctions contre l'Iran avec le départ de Peugeot, mais aussi la hausse des carburants et le monopole sur la batterie destinée au véhicule électrique par les Asiatiques, pèseront de tout leur poids sur le moral de l'industrie automobile lors du 120e Mondial Paris Motor Show. Raison pour laquelle les grands groupes se livreront une rude bataille pour délocaliser leurs activités vers des pays émergents, dont l'Algérie, et ce, malgré la chute brutale des devises dans plusieurs pays et un ralentissement avéré de la demande à cause de l'érosion du pouvoir d'achat et qui influerait sur les 15 plus importants marchés mondiaux avec une baisse de 4 à 10 %. On a l'impression que 120e Mondial Paris Motor Show constitue un véritable virage, voire une chicane très glissante, pour les constructeurs automobiles qui ne croient plus à l'essor de la voiture électrique, sachant que ceux qui boudent ce rendez-vous, comme General Motors, Volkswagen, Ford, Fiat Chrysler, Opel, Volvo et autre Mitsubishi, se tournent vers la Chine, considérée comme "le centre du monde automobile". Au chapitre des nouveautés, et lors des journées réservées à la presse, il n'y avait pas finalement cette grande dualité tant attendue sur les stands, y compris sur les concepts. Côté ambiance, les organisateurs n'ont pas lésiné sur les moyens à l'occasion du 120e anniversaire, et ce, en organisant une parade historique inédite dans les rues de Paris à la Place de la Concorde, en exhibant des modèles exposés au Mondial Paris Motor Show depuis 1898. En revanche, et contre toute attente, les ventes de voitures diesel vont encore faire le bonheur des foyers aux quatre coins de la planète. À commencer par les véhicules d'entreprise, et ce, malgré le scandale Volkswagen. Selon une étude rendue publique en Europe, à la veille de ce salon, le taux de véhicules diesel dans les parcs d'entreprises avoisine 80%. Conscients de cet état de fait, les constructeurs tenteront, tant bien que mal, de tirer leur épingle de jeu au salon de Paris où tous les regards sont braqués, notamment avec la fin des subventions annoncées et les interdictions d'accès partielles pour les véhicules diesel les plus polluants dans les grandes agglomérations européennes. En face, la Commission environnement du Parlement européen avait voté en septembre dernier une réduction des émissions du CO2 des véhicules en 2025 par rapport à 2021. Selon des études réalisées en Europe, ces objectifs à la fois louables et irréalistes menacent 2 millions de salariés, soit 9% des emplois directs et indirects dans l'industrie automobile. Du reste, tout le monde s'accordait à dire que 120e Mondial Paris Motor Show a fait plus de frustrés, et ce, en attendant le salon de Frankfurt (Allemagne) qui se déroulera dans une année. F. B.