L'ancien sélectionneur national Ali Fergani estime que les Verts se sont compliqué l'existence à Cotonou dans un match largement dans leurs cordes. Dans cet entretien, il est revenu sur les changements et les choix de Belmadi et l'avenir de la sélection nationale. Liberté : Après avoir réussi de battre le Bénin vendredi dernier, la sélection nationale est retombée dans ses travers avec cette défaite qui relance carrément la course à la qualification à la phase finale de la CAN 2019. Quel commentaire faites-vous après cet échec ? Ali Fergani : Sincèrement, en tant qu'ancien sélectionneur national et joueur, je suis vraiment déçu et par le résultat et par la prestation des joueurs sur le terrain. Pourtant, il y avait largement place à un bon résultat qui aurait permis à l'EN de se qualifier à la phase finale. Mais cette défaite remet tout en cause. Les Algériens se sont compliqué l'existence, c'est vraiment frustrant. Qu'est-ce qui n'a pas marché, selon vous ? Nous avons raté complètement la première période au cours de laquelle l'EN n'a rien fait pour marquer. Pis encore, nous avons constaté une absence criante de volonté des joueurs pour aller de l'avant et tenter de créer des occasions de but. Nous avons laissé l'initiative à l'adversaire qui a posé le jeu. Résultat des courses : un exploit technique de Sességnon permet aux Béninois d'ouvrir le score. Je m'attendais à une réaction rapide de notre équipe nationale, en vain. Mais en deuxième période, d'aucuns s'accordent à dire que les Verts pouvaient aisément inscrire ne serait-ce qu'un but, n'est-ce pas ? Le tournant du match était l'expulsion du maître à jouer du Bénin, Sességnon. C'est le joueur le plus dangereux sur le terrain qui a cette capacité de créer la différence à n'importe quel moment. Nous aurions pu profiter de la supériorité numérique pour au moins égaliser. Mais nous avons échoué malgré une réaction positive des joueurs sur le terrain. Toujours est-il qu'il y avait des imperfections dans la relance et la construction. On avait du mal à trouver des joueurs dans les intervalles. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Mais une chose est sûre : tous les ingrédients étaient réunis pour repartir de Cotonou avec au moins le point du nul. Ne pensez-vous pas qu'il existe un problème au milieu du terrain avec un Bentaleb complètement effacé ? Justement, l'entrée en jeu de Guedioura devait amener Bentaleb à monter d'un cran pour tenter quelque chose et apporter une supériorité numérique en attaque. Il a cette vocation de distiller de belles passes, de tenter des tirs de loin, mais nous avons vu Bentaleb parfois revenir derrière et récupérer le ballon en défense alors qu'il fallait le faire derrière les avants-centres. C'est pour vous dire qu'il fallait exercer une pression constante à même de permettre à notre équipe nationale de monter d'un cran tout en poussant le Bénin dans ses derniers retranchements. Êtes-vous d'accord lorsque le coach national dit qu'il n'est pas d'accord avec le principe de ne pas changer une équipe qui gagne. La preuve, il a mis Bounedjah sur le banc alors qu'il était étincelant lors du match aller, non ? Je ne vous apprends rien. Les sélectionneurs du monde entier se plaignent du manque de temps de travail en sélection. Ils travaillent lors des dates FIFA. Et c'est vraiment difficile de régler tous les problèmes dans un laps de temps court. Belmadi a réussi à battre le Bénin à l'aller avec un onze de son choix. Sa recette a fonctionné. Cependant, je me demande pourquoi a-t-il opéré à de grands changements en mettant un élément comme Bounedjah sur le banc des remplaçants. Vous voulez dire que c'est une erreur de la part du sélectionneur national ? C'est une décision incompréhensible. Personnellement, Bounedjah a prouvé ce dont il était capable de faire. Il est sur une courbe ascendante. D'autant plus que Belmadi n'a pas trop de choix en attaque avec la défection de Slimani alors que Belfodil revient en sélection après une longue absence. Le choix de Bounedjah était le mieux indiqué face au Bénin. Il aurait pu apporter le plus escompté s'il avait été titularisé. Il était derrière les bons coups de l'EN en seconde période. Je peux comprendre Djamel qui a préféré Mandi à Attal. Peut-être qu'il a voulu fermer le couloir et son profil permet de le faire. Mais je ne suis pas d'accord avec lui concernant Bounedjah. Un joueur comme Mahrez n'arrive pas à briller en sélection. Encore une fois, il est passé à côté de son sujet. Êtes-vous de cet avis ? Mahrez est un point d'interrogation. Vraiment, je ne sais pas ce qui se passe avec ce joueur aux qualités techniques indéniables. C'est un mystère. Même Brahimi et Feghouli étaient loin de leur niveau habituel. Maintenant, Djamel a fait une revue d'effectif lors de ces deux rencontres. Il va maintenant tirer les enseignements avant d'affronter le Togo. Par contre, un joueur comme Ounas a réussi son entrée en jeu. C'est un joueur très intéressant. Pensez-vous réellement que l'Algérie a les moyens de gagner la Coupe d'Afrique ? Il est encore prématuré de parler de cet objectif. D'abord, il faut assurer la qualification. Ensuite, Belmadi aura suffisamment le temps de préparer un bon groupe pour la phase finale. Il ne faut pas oublier que les conditions en Afrique sont difficiles. Par conséquent, il n'est guère facile d'avancer quoi que ce soit pour le moment. Il faut travailler pour améliorer notre rendement. Aussi, je tiens à souligner que Belmadi a besoin de temps pour donner une identité de jeu à cette équipe nationale. Il a besoin du soutien de tout le monde. N. T.