L'affaire du ciment, qui secoue depuis plusieurs semaines la Société de commercialisation de matériaux de construction de l'Est (Scmce), continue de défrayer la chronique. Le wali de Guelma a sollicité, selon des sources locales sûres, sa tutelle pour faire toute la lumière sur les causes de la rareté du ciment sur le marché local, depuis la mi-avril dernier. Selon cette même source, les autorités locales n'ont pas pu situer les responsabilités et, partant, permettre au premier responsable de la wilaya de prendre les décisions adéquates. La montée au créneau du wali s'explique par les menaces qui pèsent sur la réalisation de plusieurs chantiers, inscrits dans le cadre des différents programmes de développement local et d'appui à la relance économique. Les entreprises de la wilaya, engagées dans la réalisation des programmes relatifs aux logements sociaux @@participatifs et autres équipements sociaux, ont soulevé leurs problèmes auprès de la Dlep de Guelma accusant les responsables de l'usine de Hdjar Essoud d'être derrière leur sous-approvisionnement, d'une part, et la flambée des prix du sac de ciment qui a atteint les 350 DA l'unité, d'autre part. À cela, selon ces promoteurs, comme pour pallier le déficit, s'ajoute le fait que du ciment non conforme a fait son apparition sur le marché local. les explications de La direction de la SCMCE La direction de la Scmce se met en dehors de cette crise et elle ne se considère même pas victime. Dans une lettre adressée à notre rédaction en guise de droit de réponse, le directeur général s'est exprimé, pour la première fois, sur la question. Concernant les accusations portant sur le “détournement d'importantes quantités de ciment, vers le marché spéculatif, par le biais de transporteurs conventionnés avec l'unité commerciale de Annaba”, le DG de la société explique que “les quantités livrées par la cimenterie sont acheminées par les camions vers le dépôt de l'unité commerciale et réceptionnées selon les procédures en vigueur au sein de la société”. À propos des décalages dans la réception, il ajoute qu'ils sont “le plus souvent dus aux chargements tardifs et même parfois nocturnes au niveau de l'usine et réceptionnés uniquement le lendemain”. Le DG de la société, qui ne cesse de faire les Une de la presse depuis plusieurs semaines, se démarque des transporteurs accusés de faire dans la spéculation. Avant de conclure que sa société n'est pas responsable de la destination finale du ciment une fois qu'il est hors de son enceinte, il précise que ces transporteurs “ne sont pas prestataires exclusifs de la société et, de ce fait, demeurent libres de travailler également pour la clientèle qui s'approvisionne le plus normalement auprès de l'unité”. Enfin, sur l'éventuelle complicité d'une partie de ses employés dans cette affaire, il se remet aux conclusions des “services légalement habilités”. N'empêche qu'il n'omet pas de soutenir que “jusqu'à l'heure actuelle, la société n'a pas eu à constater ni à subir un quelconque préjudice financier”. Comme quoi, les préjudices subis par le marché local et l'image de marque de l'entreprise, du moins, sont insignifiants et n'entrent pas dans ses préoccupations. La sortie du premier responsable de la société est venue remettre sur la table le débat sur l'audit des procédures de gestion de certaines entreprises. En effet, la tension sur le ciment existe à l'est du pays et une procédure de gestion est une “bible interne”, concoctée par les dirigeants, afin de se mettre à l'abri de tout délit. Ces procédures sont auditées et mises à jours au fur et à mesure que la situation l'impose. Mourad KEZZAR