Les matériaux de construction à Batna, à l'instar des autres wilayas, connaissent une flambée des prix sans précédent. Certains matériaux comme le fer et le ciment industriel ont vu leurs prix se multiplier sur le marché. Les conséquences commencent à se faire sentir. En effet, les 3 000 projets de construction au niveau de la wilaya de Batna commencent à avoir du plomb dans l'aile et certains des 1 071 entrepreneurs ont des appréhensions sur l'avenir étant donné que les marchés sont “fermes et non révisables”. Interrogé lors du forum organisé par radio Batna, jeudi 13 mars 2008, à donner des explications sur la rareté et la cherté du ciment sur le marché local, le directeur de la Société de la cimenterie d'Aïn Touta (Scimat) affirme que les prix du ciment n'ont pas augmenté depuis 2007, la production suit une courbe ascendante et les projets au niveau de la wilaya d'un nombre de 1 233 projets sont approvisionnés d'une manière régulière. “Les prix du ciment n'ont pas augmenté, le ciment continue à être vendu à 3 900 DA la tonne en hors taxe et à 3 400 DA en vrac”, dit-il. Les mêmes propos sont confirmés par le directeur de la Serub et l'Edimco qui témoigne que le sac de ciment de 50 kilogrammes se vend encore à 290 DA, par rapport à d'autres wilayas où le sac de 50 kg est vendu à 320, voire 350 DA. Abordant le chapitre de la quantité, le même interlocuteur fait savoir que “la quantité mise à la disposition des auto-constructeurs au niveau de la Serub, chaque mois, est de 200 000 sacs de ciment… ”. Toujours dans le cadre de la production du ciment, le directeur de la SCIMAT évoque une amélioration de la production nationale de 15 944 244 tonnes. Et d'ajouter : “La cimenterie d'Aïn Touta a produit un surplus de 105 000 tonnes en 2006 et commercialisé une quantité de 1 178 478 tonnes en 2007. Ceci est considéré comme un chiffre record jamais atteint par l'entreprise depuis sa création.” Abondant toujours dans le contexte des réalisations, le directeur de la SCIMAT précise que la wilaya de Batna a eu la part du lion et qu'il a été commercialisé à travers son territoire 33% de la production totale de l'entreprise d'Aïn Touta, soit l'équivalent de 388 733 tonnes de ciment, par rapport à la wilaya de Biskra qui en a bénéficié que de 17%, Ouargla de 25% et M'sila de 11%, sans oublier les wilayas d'Oum El-Bouaghi et de Khenchela. Pour ce qui est du fer, le directeur de la Serub reconnaît que “le fer connaît une augmentation effarante des comme aux mois de décembre 2007 et de mars 2008. La tonne qui se vendait à 29 000 DA est passée à 39 000 DA. C'est excessif ! Pour les diamètres 12 et 14, on vendait la tonne à 53 000 DA la tonne, maintenant elle est à 83 000 DA”. La cause de cette augmentation ? “Le marché mondial !” explique-t-il. Il ajoute : “On ne peut pas arrêter cette augmentation tant que le produit (le fer rond) est importé.” Prenant la parole, un représentant des entrepreneurs de la wilaya de Batna qualifie cette augmentation des prix d'inacceptable et exhibe un paquet de factures. “Avec cette augmentation, comment voulez-vous que l'on termine les projets. Le contenu d'un semi-remorque qui nous coûtait 100 millions de centimes autrefois, on l'achète aujourd'hui à 200 millions de centimes. Les prix ont doublé”, se lamente-t-il. La situation semble sérieuse et risque de faire des victimes, selon les dires des deux entrepreneurs qui étaient présents à l'émission. “On a soumissionné le mètre du béton à 20 000 DA, avec la cherté des produits, il nous revient à environs de 35 000 DA”, observe l'un des deux entrepreneurs. La situation s'annonce inextricable surtout que les soumissions sont fermes et non révisables. Cette augmentation des prix des matériaux de construction ne va-t-elle pas pousser certains entrepreneurs à ne pas respecter les normes de construction et à tricher sur les matériaux pour compenser leurs pertes ? B. Boumaïla