La mafia du ciment est traquée. Le marché des matériaux de construction suscite la convoitise des spéculateurs. Le marché est porteur. Le secteur est gangrené par l'informel. La lutte contre les pratiques frauduleuses est loin d'être une sinécure. Pour faire face à ce fléau, une enquête a été déclenchée au début de l'année par les services concernés auprès de la direction de commerce de Bouira, en collaboration avec la direction de la cimenterie de Sour El Ghozlane ainsi que les services de sécurité. Selon les premières informations, l'enquête a révélé que plus d'une cinquantaine de personnes, dont la quasi-totalité sont des promoteurs, seraient impliquées dans la commercialisation illégale du ciment. Leurs dossiers, apprend-on, ont été remis à la justice.Apparemment, c'est un réseau national. En effet, les mêmes sources soutiennent que les personnes impliquées dans cette affaire sont issues de plusieurs wilayas du pays. Les auteurs, attirés par le gain facile, ont usés de tous les moyens «illégaux» pour déjouer la vigilance des services compétents, afin de revendre la matière au marché parallèle à des prix exorbitants, au point de doubler leurs bénéfices. A titre illustratif, un sac de ciment de 100kg, coûtant 470 DA, est cédé au marché parallèle à 1200 DA. Le prix fixé à la commercialisation pour les particuliers au niveau des Entreprises de distribution des matériaux de construction (Edimco), ne dépasse pas les 650 DA le quintal. Selon certaines informations, ces entrepreneurs mercantilistes recourent à des méthodes «loin d'être orthodoxes»: demandes fictives, fausses déclarations en matière des besoins et bien sûr complicité au niveau des cimenteries. Le matériel ainsi acquis est ensuite revendu au marché informel. De par leur complicité, ces «barons» fixent les prix à leur guise d'autant qu'en stockant le ciment, ils créent des pénuries sur le marché. Monopole oblige. C'est la loi de l'offre et de la demande. Avec la fermeture technique de la cimenterie de Sour El Ghozlane depuis le début du mois en cours, les prix du ciment ont connu une hausse considérable, passant de 900 DA le quintal, il y a deux semaines, à 1200 DA. Pour s'approvisionner en ciment ces «fraudeurs» usent, le plus souvent, de manoeuvres dilatoires au niveau des Edimco. Pourtant, les quotas en ciment sont fixés à 20 quintaux par client. De ce fait, le secteur du bâtiment accuse le coup. Plusieurs chantiers sont en perte de vitesse en raison du déficit en matériaux de construction. Ce qui risque également de compromettre la cadence des travaux.