Le dernier rapport du FMI sur les perspectives économiques de la région Afrique du Nord-Moyen-Orient comporte des prévisions sur la croissance de l'économie nationale en 2019 qui reflète les difficultés du gouvernement à engager l'Algérie sur une réelle dynamique économique qui puisse réduire le chômage et améliorer les revenus de la population. En effet, le Fonds prévoit un taux de croissance de seulement 2,7%. Un seuil considéré comme insuffisant. Il faudrait selon les spécialistes un taux minimum de 7% pour inverser la tendance en matière de chômage dont le taux se situe aujourd'hui à 11% alors qu'il était sous la barre des 10% avant la crise. Ce niveau de croissance semble étonnant quand on sait que le gouvernement Ouyahia recourt de manière intensive à la planche à billets censée soutenir la croissance via, en particulier, les dépenses publiques en direction de secteurs comme l'habitat, les travaux publics, la santé, les ressources en eau et l'éducation. En dépit de l'importance de ces ressources non conventionnelles mobilisées pour pallier le manque de ressources financières, le gouvernement a, dans la loi de finances 2019, réduit le budget d'équipement. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur le taux de croissance global. Tout cela montre que l'évolution de la croissance dépend fortement de la dépense publique. Mais pas uniquement. L'évolution de la production des hydrocarbures ces dernières années freine la croissance globale du pays. En 2019, la même tendance se poursuivra, selon une source sûre du secteur. "La production d'hydrocarbures n'atteindra pas sa vitesse de croisière en 2019. Le gisement de Hassi R'mel connaîtra un arrêt de certaines de ses installations", explique la même source. Il faut savoir que Hassi R'mel produit l'essentiel du gaz du pays. Sonatrach opère depuis plusieurs mois des travaux de rénovation des installations des champs de production, notamment anciennes, nécessitant de gros travaux de maintenance. Autre explication : le grand retard accusé dans la mise en service de nouveaux gisements. Cette situation est en partie à l'origine de la baisse de production des hydrocarbures en 2017 et en 2018. Néanmoins, selon la même source, la production d'hydrocarbures connaîtra sa vitesse de croissance à partir de 2020. Autre facteur qui influe sur le niveau de croissance : la croissance du secteur privé. Encore un fois, le secteur non étatique n'arrive pas à tirer la croissance. En raison des entraves multiples à son développement. Du fait d'un climat d'affaires toujours délétère, particulièrement les difficultés persistantes à l'accès au foncier, aux crédits et à obtenir les autorisations de l'administration, le niveau de la croissance hors hydrocarbures ne pousse pas à une hausse importante de la croissance globale. Ces faiblesses de l'économie nationale sont à l'évidence une conséquence du grand retard accusé dans la mise en œuvre des réformes économiques, un effet du statu quo observé depuis plusieurs années et maintenu en dépit de la crise financière qui affecte le pays depuis 2014. Encore une fois, la croissance au cours des prochaines années dépendra de l'évolution des prix du pétrole. K. Remouche