Ce n'est plus le même suivi rigoureux, quotidien des gisements, de ses besoins périodiques de maintenance, d'où une tendance inquiétante à la baisse de la production de Sonatrach, rapportent des cadres de la compagnie. Que se passe-t-il à Sonatrach ? Le site en ligne La bourse-dz rapporte qu'au cours d'une réunion houleuse de l'assemblée générale de la compagnie pétrolière nationale tenue le 28 décembre dernier, le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumene Ould Kaddour a présenté un état du groupe faisant ressortir un déclin de la production de Sonatrach. "La production primaire est passée de 197 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2016 à 194,5 à la fin de 2017, soit une baisse de 2,5 millions de TEP. Ce déclin va se poursuivre en 2018. Il est prévu une production de 193,7 au cours de l'année 2018. Avec ce déclin, il faut compter les volumes de gaz détournés à la vente alors qu'ils étaient destinés à la réinjection, ce sont 20 millions de mètres cubes de gaz qui sont détournés à Hassi-Messaoud et 6 milllions autres prélevés sur le cycle de réinjection de Rhourde El-Baguel. Le cyclage de Hassi-R'Mel connaît lui aussi un massacre sans précédent en matière de maintien de la pression du gisement. Dans la présentation des chiffres, Sonatrach indique avoir détourné un volume de 2,4 millions de TEP. Autrement dit, s'il n'y avait pas ce prélèvement, la production aurait baissé de 4,9 millions de TEP. La compagnie annonce que pour 2018, elle continuera à prélever avec un volume de 2,5 millions de TEP. Ceci va affecter irréversiblement l'équilibre de plusieurs gisements", rapporte le site. En outre, les exportations globales d'hydrocarbures sont également en baisse. La présentation indique qu'elles se sont élevées à 161,4 millions de TEP contre 162,3 de TEP en 2016. Les membres de l'assemblée générale, ajoute le site, ont demandé des explications sur ces déclins de production aux responsables de Sonatrach qui auraient répondu "que le déclin était inévitable et que cette situation va durer. Les nouveaux apports ne pourront jamais compenser le déclin". Si ces informations s'avèrent fondées, elles ne font que confirmer les articles de Liberté qui avaient attiré des mois auparavant l'attention des pouvoirs publics citant les propos de cadres de la compagnie sur cette situation de déclin de la production de Sonatrach, d'ailleurs confirmé par des sources officielles et non officielles et sur sa dangereuse propension à prélever du gaz destiné à maintenir la pression des champs de pétrole de Hassi-Messaoud et Rhourde El-Baguel pour exporter ces quantités de gaz et honorer les contrats internationaux. Des opérations qui risquent à moyen terme de dégrader de manière définitive la production des gros gisements : Hassi-Messaoud et Hassi R'mel. "On avait retenu un taux de 40% de cyclage pour Hassi R'mel. On en est à un taux de 12%. Ce manque de gaz injecté risque de couter cher et de dégrader de façon irreversible la production de gaz de Hassi R'mel dans trois ans", confient des cadres de Sonatrach. Ces techniciens précisent que dans les plans moyen terme de Sonatrach, on a toujours fixé comme objectif d'augmenter la production. Ce fut le cas avec les anciens P-DG Sahnoune et Amine Mazouzi. Avec Abdelmoumene Ould Kaddour, on prévoit, en 2018 et 2019, une baisse de production, rapporte le site en question. C'est anormal. Cette situation renvoie à la compétence de certains responsables à la tête de certaines activités opérationnelles stratégiques de Sonatrach. "Pour chaque gisement, il faut un suivi rigoureux, quotidien, une maintenance, voire même une stratégie pour optimiser, obtenir un trend de production continu, soutenu pendant 10 à 20 ans", constatent ces cadres. Avec le changement de cadres expérimentés dans les structures opérationnelles qui a suivi la nomination d'Abdelmoumene Ould Kaddour à Sonatrach, ce n'est plus le même suivi quotidien et rigoureux des gisements, la même optimisation de leur exploitation, d'où la baisse de production constatée et confirmée par des sources officielles depuis l'installation du nouveau patron de Sonatrach. On peut se demander comment dans un Etat où le secteur des hydrocarbures reste le plus vital pour son économie, les pouvoirs publics ne s'inquiètent pas de ce déclin de production ni des risques que peuvent causer les prélèvements de gaz au détriment de l'injection de gaz pour maintenir la pression dans les gisements sur la pérennité des plus gros gisements du pays : Hassi-Messaoud et Hassi R'mel. K. Remouche