"Certains arbitres continuent d'arbitrer avec les anciennes lois. À la CFA, ce sont les désignations qui priment, c'est la politique de l'autruche". La mise à l'essai de la VAR par la FAF et l'EPTV lors du dernier match MCA-USMBA, disputé au stade du 5-Juillet, soulève déjà des interrogations sur son utilisation et sa généralisation dans le championnat algérien. L'ancien arbitre international Djamel Haïmoudi estime que la VAR ne doit pas être une politique de prestige pour cacher l'échec total de la gestion de l'arbitrage, qui ne cesse de dégringoler. "Je me pose toujours des questions sur cette mise à l'essai de la VAR. Il n'est pas normal qu'on entame le procédé des essais de la VAR sans avoir l'accord préalable de l'International Board. Il y a quelques jours, une équipe dans le championnat d'Asie a obtenu gain de cause à cause justement de l'utilisation de la VAR sans l'accord de l'International Board. L'équipe qui avait perdu le match sur une action litigieuse filmée par la VAR a déposé plainte chez l'IFAB (International Football Association Board) qui avait finalement annulé le résultat du match via la FIFA. C'est pour cela que la FAF doit d'abord demander l'autorisation pour pouvoir la lancer, ensuite il y a toute une logistique à mettre en place, à commencer par le matériel moderne qui répond aux normes exigées par l'IFAB ; ensuite, il y a la formation des instructeurs qui n'existe pas encore chez nous, même celle des arbitres spécialisés est inexistante. Comment ose-t-on se lancer dans cette aventure dont on ne maîtrise rien du tout ? Il faut un minimum de 12 caméras dans le stade. Est-ce que la Télévision nationale peut mettre 8 cars équipés pour une journée de huit matchs et 96 caméras pour les huit matchs ? Même le placement des caméras se fera par un expert spécialisé de la FIFA. L'IFAB et la FIFA font cet investissement lourd pour avoir des résultats positifs. Il faut savoir qu'il y a 27 à 28 images qui sont enregistrées pour être envoyées à l'arbitre lorsqu'il y a une action litigieuse. On n'est pas encore prêt pour la VAR. La FAF fait ça pour se dérober à l'échec de l'arbitrage. C'est une politique de prestige qui ne rime à rien, ce sont des milliards qu'il faut investir", explique l'ancien mondialiste installé en France depuis 2015. "Nos arbitres commettent des erreurs graves" Abordant le volet de l'arbitrage, il dira que la formation reste le maillon faible. "Il n'y a plus de formation ni de mise à niveau. Certains arbitres continuent d'arbitrer avec les anciennes lois. Il n'y a personne à la CFA qui peut leur faire une formation digne et efficace. À la CFA, ce sont les désignations qui priment, c'est la politique de l'autruche. Je ne suis pas étonné des erreurs récurrentes enregistrées, dont le dernier penalty sifflé par Benbrahem. C'est grave qu'un international commette ce genre de fautes : où sont passés le 4e arbitre et le juge de touche qui soutient cette décision au lieu d'attirer son attention ? Il y a quelques jours, l'arbitre Arab a fermé les yeux sur un penalty très évident pour le CRB, il est désigné pour MCO-USMA, et ce, devant les arbitres désabusés et en colère contre la politique du deux poids, deux mesures de la CFA. Ce n'est pas comme ça qu'on motive les arbitres. Lorsqu'on retire le badge FIFA à un arbitre comme Lotfi Bekouassa, 31 ans, pour le donner à un autre qui aura 41 ans en janvier, cela veut dire que la FAF et la CFA sont en train de casser les bons arbitres internationaux. On a eu Abid-Charef au Mondial russe qui n'a pas été désigné pour les matchs. Avec cette nouvelle sanction qu'il vient d'avoir, on risque fort de mettre un arbitre au Mondial 2022. Même si Ghorbal est bien placé, il manque d'expérience, et la politique prônée par la CFA mène l'arbitrage droit au mur. Un arbitre comme Saïdi pouvait avoir son badge FIFA en 2014, on lui a collé l'étiquette de pro-Lacarne par l'ancien président de la CFA, pour ne pas le promouvoir. Voilà comment on achève les bons arbitres chez nous. Je trouve ça normal dans la mesure où toutes les compétences sont marginalisées depuis au moins cinq ans. Aujourd'hui, la nouvelle équipe est sur la même politique, et avec la mise à l'écart des compétences et l'absence totale d'un plan de développement de l'arbitrage, je crains le pire pour l'avenir de l'arbitrage retenu en otage par un clan", conclut l'homme qui a officié 3 finales de LDC africaine. Rachid Abbad