Le directeur de recherche au Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) était l'invité du Crasc, où il a donné une conférence autour de la "Traduction littéraire de et vers tamazight". "En dépit de la marginalisation, durant des siècles, la traduction de et vers tamazight amorce actuellement une grande dynamique, notamment dans la traduction romanesque grâce à une prise de conscience de la population et une nouvelle orientation politique des dirigeants puisque, maintenant, ce sont des éditions étatiques qui se mettent à traduire et à publier en tamazight". Cette conclusion est celle de la conférence-débat autour de la "Traduction littéraire de et vers tamazight" donnée, hier, au Crasc d'Es Sénia, par Boudjemaa Aziri, directeur de recherche au Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) qui n'oublie pas l'apport de l'école et des médias qui sont en train de faire se rapprocher toutes les variantes pour arriver à la formation d'une langue amazighe comprise par tous les amazighophones à l'échelle universelle. Le conférencier ajoute qu'à l'occasion du centenaire de Mammeri, le HCA a publié trois traductions et instauré, chaque année, des ateliers de traduction. Pour lui, la traduction vers tamazight de toute une pléthore de grands écrivains, à l'image de Feraoun, Mammeri, Hemingway, Beckett, Camus, Antoine de St-Exupéry, Molière ou Brecht est "une preuve tangible que cette langue est en voie de constitution". Selon Aziri, la traduction est un instrument d'ouverture et la "tradiplomatie", un néologisme qui signifie la réconciliation et la compréhension entre les civilisations, est une politique américaine dans le domaine de la traduction dont les pays du Golfe se sont inspirés pour développer la traduction en tant qu'instrument d'ouverture universaliste. Il explique que les textes traduits sont par-là même transculturels du fait qu'ils transcendent la communauté d'origine et acquièrent des couleurs transcommunautaires et constituent le creuset d'une culture universelle. "Ces textes sont accessibles au maximum de gens au-delà de leurs divergences linguistiques", ajoute le conférencier. Visitant l'histoire, il indique que les chercheurs français se sont intéressés à nos langues et à notre littérature dès les premières années de la colonisation "sans doute pour percer le mystère de l'Autre et comprendre l'organisation sociale et les fondements psychologiques des autochtones afin de mieux asseoir leur domination et accélérer l'assimilation culturelle et la conversion religieuse". Une politique d'approche qui explique pourquoi ce sont les militaires et les ecclésiastiques à être les premiers à avoir traduit les textes avant que les chercheurs scientifiques ne passent à l'action. Des travaux, reconnaît Aziri, qui ont le mérite de fixer notre culture, "même si ces gens avaient leurs arrière-pensées. Nous en tant que chercheurs, on doit savoir faire le tri entre ce qui idéologique et connaissances scientifiques pour ne pas tout rejeter avec des préjugés qui ne sont plus de notre époque". Au cours de cette conférence, plusieurs aspects de la traduction sont déclinés et Aziri d'aborder "La traduction de tamazight vers l'arabe", "La traduction de l'arabe vers tamazight" ainsi que le sujet de "La traduction des œuvres littéraires du français et de l'arabe vers tamazight". Il cite plusieurs noms de la traduction de et vers tamazight dont les plus illustres restent Mouloud Mammeri et Mohia. Saïd Oussad