L'insuffisance cardiaque semble être la première pathologie qui tue en Algérie. Cette maladie chronique, considérée comme le stade final des cardiomyopathies, devance de très loin les autres infections, dont le cancer. Les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS), arrêtés au troisième trimestre 2018, placent les cardiomyopathies en pole position quant au nombre global des décès dus aux maladies, avec un taux de 41%. Alors que la prévalence des cardiaques décédés en 2017 était située aux alentours de 40%, selon la même source. Cette situation chiffrée semble sérieusement inquiéter les cardiologues et autres médecins spécialistes. C'est le Pr Naïma Hammoudi, présidente de la Société algérienne de cardiologie (SAC), qui nous a dressé, hier, un tableau peu rassurant qui renseigne sur la montée vertigineuse de cette maladie dite du muscle cardiaque, à l'occasion 21e Congrès maghrébin de cardiologie, ouvert hier au CIC Abdelatif-Rahal d'Alger. Le rendez-vous académique, organisé en plusieurs ateliers, a permis de passer en revue un nombre de sujets relatifs aux cardiomyopathies, ainsi qu'aux autres pathologies associées. En fait, les travaux de ce colloque ont le mérite de rapprocher les avis entre les spécialistes maghrébins sur les symptômes qui ont tendance à s'aggraver ces dernières années, ainsi que sur l'analyse des facteurs qui augmentent le risque de cardiomyopathie. La prévention a occupé une place de choix lors de cette manifestation médicale scientifique. Selon le Dr Ghemri Sofiane, cardiologue au CNMS, les participants saisissent cette opportunité pour partager les informations, notamment sur les causes de la cardiomyopathie qui représentent le stade final des maladies du cœur. "L'essoufflement à l'effort ou même au repos, l'enflure des jambes, des chevilles et des pieds, la fatigue et les rythmes cardiaques rapides, ainsi que la gêne ou la pression thoracique sont autant de signes qui doivent alerter sur cette pathologie", expliquera encore le Dr Ghemri, qui ajoute que "des efforts supplémentaires devront être déployés dans la prise en charge des hypertendus, des malades souffrant de troubles valvulaires ou troubles cardiaques congénitaux et des diabétiques qui sont des candidats potentiels". Le Pr Hammoudi, qui a fait le plein au niveau de la salle abritant l'atelier consacré à l'hypertension artérielle, a présenté les résultats d'une étude de dépistage de cette véritable maladie chronique. Cette enquête, menée à travers 100 établissements de santé répartis à travers le territoire national, a fait ressortir que 52% des patients souffrant de cette maladie ont une tension artérielle instable, loin des standards requis, et le reste des sujets contrôlés dans le cadre du dépistage via le monitorage ambulatoire de la pression artérielle (Mapa) ignorent carrément qu'ils ont un problème de tension. "Cette étude, qui contribuera à l'amélioration du diagnostic et au traitement de l'HTA, a eu le mérite de démontrer que les gens continuent à banaliser l'hypertension qui reste pourtant un risque majeur de survenue de maladies cardiaques", expliquera la présidente de la SAC. Hanafi H.