La promulgation de la loi fixant les règles générales relatives au commerce électronique met en avant la volonté d'engager des réformes favorisant l'ouverture réelle de l'Algérie vers une économie de marché. Théoriquement, ce nouveau système, constituant un véritable moteur de l'économie moderne et un levier de compétitivité pour les entreprises, particulièrement celles du secteur des services, contraste avec l'expansion des nouvelles technologies de l'information et de la communication, mais surtout avec le volume sans cesse grandissant des transactions économiques dans notre pays. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si l'environnement économique est mieux adapté pour permettre le développement de ce type de commerce en Algérie. Pour apporter les éléments de réponse à cette problématique, la Direction du commerce de la wilaya de Tamanrasset a convié chercheurs et spécialistes en la matière pour débattre de ce nouveau modèle lors d'une journée d'études organisée lundi à l'université Hadj Moussa-Ag Akhamouk. Les intervenants ont livré plusieurs analyses visant à décortiquer la loi 18-05 relative au e-commerce avant de dresser un état des lieux sur l'automatisation des transactions interbancaires et la possibilité de passer au paiement électronique pour lancer effectivement le commerce électronique en Algérie. Pour Abdelbasset Azzaoui, spécialiste en économétrie et modélisation à l'université de Tamanrasset, la mise en œuvre de ce système reste tributaire de l'adoption de nouveaux modèles économiques et de la conformité des textes réglementaires à leur application. "Car l'Algérie manque terriblement de compétences pour développer cette technologie nécessitant une plateforme plus appropriée à son lancement, mais aussi des recherches adaptées aux études de faisabilité réalisées dans ce cadre. Le manque d'infrastructures et l'absence d'une culture d'entreprise favorable à cette nouveauté figurent également parmi les difficultés auxquelles pourrait être confronté le commerce électronique en Algérie", estime M. Azzaoui. Il évoque la nécessité de solidifier les assises de cybersécurité pour que les entreprises puissent protéger leurs informations et la création d'un centre national pour la gouvernance des TIC. Parlant des avantages du e-commerce, l'orateur a souligné la possibilité de contrôler la manne de liquidité qui inonde le marché parallèle, la commercialisation rapide des biens et services et le développement des systèmes interbancaires. Le e-commerce constitue également un frein à la fraude et à l'évasion fiscales. Pour conclure, Abdelbasset Azzaoui a préconisé le recours au Cobit5 (Control Objectives for Information and related Technology) pour assurer une meilleure gouvernance et gestion des systèmes d'information au sein de l'entreprise. Pour sa part, le représentant de la sûreté de wilaya s'est attelé au travail de la Police judiciaire en mettant l'accent sur les champs d'application de la législation en vigueur, notamment celle relative aux pratiques commerciales, aux conditions d'exercice des activités commerciales, à la protection du consommateur et à la répression des fraudes. Lahcen Raï, cadre à la direction locale d'Algérie Poste, est, de son côté, intervenu sur les procédures de paiement électronique et les mesures incitatives prises en faveur des e-fournisseurs qui se montrent toujours réticents par peur de s'engager dans une technologie qu'ils ne maîtrisent pas et qui risque ainsi d'avoir un effet boomerang sur le développement des activités de leurs entreprises. RABAH KARECHE