Plus de trois ans après avoir été excommunié des rangs du FLN, Abdelaziz Belkhadem revient, avec tous les égards, au siège de son parti, à Alger. L'ancien chef de gouvernement a été reçu, hier en fin de journée, par le coordinateur de l'instance dirigeante du vieux parti dans le cadre du "rassemblement" qui doit mettre la formation politique sur la "ligne originale". "Je félicite le Président pour avoir pris la décision de confier à Bouchareb la mission de redresser la ligne du FLN. La mission est difficile, mais pas impossible", a, d'emblée, indiqué M. Belkhadem, devant un nombre record de journalistes venus assister à l'événement. "Je prends acte de la décision du Président d'avoir levé la chape de plomb sur le parti, de vouloir reconstruire le FLN sur de nouvelles bases qui reflètent le message du parti, inspiré de l'Appel de Novembre", s'est-il félicité. Il s'agit maintenant de "progresser dans l'action, de donner au parti des outils, des femmes et des hommes qui agissent avec les principes du FLN. Ce creuset de militants existe dans notre parti", a précisé M. Belkhadem, visiblement content de se retrouver sous les feux de la rampe, des années après avoir été banni des structures de l'ancien parti unique. "Le FLN est le pilier de la scène politique nationale. Il peut y avoir des colères, des frictions. Mais ce parti est le cadre qui rassemble les militants. Et lorsqu'il s'agit de débat d'idées, c'est ce qu'il faut pour la démocratie", renchérit celui qui a déjà tenté de reconquérir le parti en 2015, sans y parvenir. Déroulant ce qui s'apparente à un programme, M. Belkhadem a indiqué qu'il "faut maintenant réinstaller les règles de la démocratie au sein des structures du parti. L'urne doit être la règle dans le choix des responsables de la kasma jusqu'au secrétaire général". Pour s'inscrire en phase avec la nouvelle mode, Abdelaziz Belkhadem s'en prend, lui aussi, à l'argent sale. "Il faut exclure du parti les corrompus et lutter contre la corruption et l'argent sale. Le FLN n'est pas une société par actions ou une usine. Il n'est pas à gager ou à vendre. C'est la référence de ceux qui aiment l'Algérie", a-t-il rappelé. Quoi qu'il en soit, Abdelaziz Belkhadem ne semble pas avoir gardé "rancune". Même lorsque des journalistes lui demandent s'il était prêt à rencontrer son meilleur ennemi, à savoir Amar Saâdani, l'ancien Premier ministre a affirmé que "malgré ce que j'ai subi", cela "ne me dérange pas". Interrogé pour savoir si la rencontre d'hier était une réhabilitation, Belkhadem a répondu en disant que "le militantisme n'est pas une fonction, mais une conviction, un engagement". Puis, "je n'ai jamais quitté le FLN", a-t-il tenu à préciser, refusant de s'exprimer sur sa possible candidature à l'élection présidentielle. Ali Boukhlef