C'est la première fois qu'un tel événement de l'Eglise catholique se déroule dans un pays musulman. C'est un message fort et important qu'a voulu lancer le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, hier, alors qu'il se trouvait sur l'esplanade de Notre-Dame de Santa Cruz, surplombant la ville d'Oran, aux côtés du cardinal Angelo Becciu, préfet de la congrégation pour la cause des Saints et représentant personnel du Pape, à l'occasion des cérémonies de béatification des 19 religieux catholiques assassinés durant la décennie noire. Devant un parterre d'invités, comme les évêques d'Algérie, pour le début des cérémonies officielles, dont la plus importante se tiendra aujourd'hui en la chapelle de Santa Cruz, le ministre des Affaires religieuses tiendra à dire, s'agissant de cet événement organisé par les autorités algériennes en collaboration avec l'Eglise catholique d'Algérie, que l'Algérie est "un pays pluriel, cette Algérie qui défend le vivre-ensemble (nom donné à l'esplanade de l'église de Santa Cruz), la cohabitation et la cohésion, et cela montre aussi que l'Algérie est un pays de droit respectant la liberté de culte, et où la liberté de conscience est garantie par la Constitution". Le ministre évoquera cet événement avec également l'hommage qui sera rendu aux 114 imams assassinés par les terroristes dans les années 90, coïncidant avec le 22e anniversaire de la concorde civile, et de lancer une mise en garde : "Ceux qui ne respectent pas les lois de la République, la République ne les respectera pas." Et d'ajouter que la religion est "un catalyseur qui nous unit, nous réunit, que l'on soit musulmans ou non musulmans". Des propos qui viendront aussi renforcer les déclarations du cardinal Angelo Becciu, arrivé hier après-midi. Que ce soit au salon d'honneur de l'aéroport Ahmed-Ben Bella ou sur l'esplanade de Notre-Dame de Santa Cruz, le cardinal soulignera l'importance du vivre-ensemble, rappelant que les 19 religieux catholiques avaient fait don de leur vie pour avoir voulu rester auprès des Algériens durant la décennie noire. "C'est aussi le message de la béatification de demain (aujourd'hui, ndlr), les 19 religieux ont choisi leur vie en restant ici, en donnant leur vie pour les autres, c'est un modèle pour nous tous", dira-t-il. Le ministre des Affaires religieuses, voulant répliquer aux critiques s'agissant de cette béatification, a expliqué que c'est "une initiative de l'Algérie et je suis fier qu'elle émane de l'Eglise catholique d'Algérie, et de son évêque de nationalité algérienne". Il faut dire, en effet, que c'est la première fois qu'un tel événement de l'Eglise catholique se déroule dans un pays musulman. Une manière, tout un symbole, de les rattacher à l'Algérie, puisque cela avait été leur choix de vivre avec les Algériens et avec leur foi. Aujourd'hui, la cérémonie de béatification de ces 19 religieux catholiques, dont l'évêque d'Oran, Mgr Pierre Claverie, les 7 moines de Tibhirine et les autres religieuses et religieux, tous assassinés durant la période du terrorisme, se fera en présence de nombreux invités, notamment un membre de la famille royale de Belgique, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes et étrangères, les représentants de l'Eglise catholique et les familles des 19 moines. Côté algérien, il est attendu la présence du ministre des Affaires religieuses et celui des Affaires étrangères. D. LOUKIL