À l'occasion de la célébration de la disparition du dramaturge Mohya, à Tizi Ouzou, le ministère de la Culture a décidé d'institutionnaliser et de soutenir, à partir de cette année, le traditionnel prix Mohya d'or, récompensant chaque année le meilleur texte théâtral écrit en tamazight. Quatorze ans après sa mort, jour pour jour, le célèbre dramaturge et précurseur du théâtre amazigh Abdellah Mohya, plus connu sous le nom d'artiste Mohya, n'est pas près d'être oublié par ses proches, la famille artistique et ses nombreux admirateurs. Pour preuve, comme chaque année, le 7 décembre, date anniversaire de sa disparition, la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, en collaboration avec la maison de la culture Mouloud-Mammeri, le théâtre régional Kateb-Yacine et le comité de village d'Ath Erbah (commune d'Iboudrarène, daïra de Béni Yenni), organise depuis hier les 10e Journées théâtrales en hommage à celui qu'on considère désormais comme le "père du théâtre kabyle". C'est ainsi que la maison de la culture Mouloud-Mammeri abrite depuis vendredi une belle exposition de photos et d'articles de presse sur la vie et l'œuvre de Mohya, alors qu'une foule nombreuse a pris part, hier matin, à une cérémonie de recueillement fort émouvante sur la tombe du regretté homme de théâtre et poète bien connu en son village natal d'Ath Erbah, en présence des autorités locales, notamment le chef de la daïra de Béni Yenni, les P/APC d'Iboudrarène, de Béni Yenni et de Tizi Ouzou, sans oublier la directrice de la culture de wilaya, les représentants de la fondation Mustapha-Bacha, la famille Mohya, des universitaires, de nombreux comédiens et citoyens de la région et d'autres localités de Kabylie venus s'incliner à la mémoire du défunt. Après le rituel dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de l'artiste, l'on eut droit à une belle déclamation d'un dialogue théâtral typique de Mohya par le biais d'un jeune comédien qui donna bien des frissons à la foule. "Il y a 14 ans, nous quittait à jamais le poète, le conteur, le parolier et le dramaturge Abdallah Mohya, un auteur prolifique, dont l'œuvre, fruit de plus de trente années de travail, d'interprétation et de réflexions philosophiques, constitue un gisement littéraire inépuisable d'expression amazighe et une œuvre novatrice monumentale qui mérite d'être promue et étudiée", dira, à l'occasion, la directrice de la culture Nabila Goumeziane qui rappellera aussi que "Mohya est le véritable précurseur du théâtre d'expression amazighe, puisqu'il a consacré une grande partie de sa vie à traduire et à adapter des poèmes, des chansons et surtout des œuvres théâtrales universelles à la langue mais aussi à la réflexion amazighes". Et pour le compte de cette seconde journée commémorative, les organisateurs prévoient, ce matin, tout un cycle de conférences-débats sur l'œuvre de Mohya à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, alors que la dynamique troupe de la Coopérative théâtrale Machaho d'Iferhounène présentera, cet après-midi (14h) au théâtre Kateb -Yacine, la fameuse pièce Sin nni de Mohya, mise en scène par Sadek Yousfi. Il est à noter que le ministère de la Culture a décidé d'institutionnaliser et de soutenir, à partir de cette année, le traditionnel prix Mohya d'or récompensant chaque année le meilleur texte théâtral écrit en tamazight. Mohamed HAOUCHINE