Le hall de la maison de la culture Mouloud-Mammeri accueille une exposition d'archives et de photographies retraçant le parcours exceptionnel de cet homme de théâtre. Au théâtre régional Kateb-Yacine, une formation de dix jours portant sur la mise en scène est dispensée au profit d'une dizaine de jeunes, issus du mouvement associatif. La maison de la culture Mouloud-Mammeri et le théâtre régional Kateb-Yacine de la wilaya de Tizi Ouzou ont accueilli, vendredi et samedi, des activités commémoratives en hommage au dramaturge Mohya, Abdellah Mohia de son vrai nom. Il est l'un des précurseurs du théâtre d'expression amazighe, puisqu'il a été l'auteur de plusieurs adaptations, des textes dramaturgiques universels tels “Am win yergan rebbi", “En attendant Godot" de Samuel Beckett, “Tacbaylit", “La jarre" de Luigi Pirandello, “Le Médecin malgré lui" et “Tartuffe" de Molière, “Le Ressuscité" de l'écrivain chinois Lu Xun, ou encore “Les émigrés" du Polonais Slawomir Morzek. Licencié en mathématiques en 1972 à l'université d'Alger, Mohya obtient une inscription à l'école d'ingénieurs en hydraulique en France. En 1973, il rejoint Strasbourg, avant de revirer sur Paris durant la même année et intégrer le groupe d'études amazighes, créé à l'université de Vincennes. Il sera animateur d'une revue créée par ce groupe intitulée “Bulletin d'études amazighes" (mais aussi dans BEA puis “Tisuraf"). Il est décédé le 7 décembre 2004 à l'âge de 55 ans. Dans le cadre de ces activités en son honneur, le hall de la maison de la culture Mouloud-Mammeri accueille une modeste exposition d'archives et de photographies retraçant le parcours exceptionnel de cet homme de théâtre. Vendredi, premier jour des activités, une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe de Mohya, au village Aït Erbah, dans la commune d'Iboudrarène, par des artistes, des responsables locaux, des gens de son village et des anonymes, qui sont venus nombreux pour se recueillir sur la tombe du dramaturge. Au théâtre régional Kateb-Yacine, et à la même occasion, un stage de formation portant sur la mise en scène est dispensé au profit d'une dizaine de jeunes, issus du mouvement associatif. Une formation qui s'étalera sur dix jours. Pour Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Béjaïa, “Mohand Ou Yahia était un grand homme de théâtre. Les gens ne connaissent pas beaucoup le travail de Mohya. C'est un homme qui a lutté pour ne pas ‘ghettoïser' la langue amazighe et redonner à cette langue toute sa dimension esthétique, à l'instar d'autres artistes qui ont essayé, par l'esthétique, de rehausser cette langue, citons par exemple Idir, Aït Menguellet, Matoub, Ferhat. Mohya savait qu'il fallait donner à cette langue toute sa dimension esthétique, car elle recèle énormément de poésie". Et d'ajouter : “Il était avant tout un poète, et un dramaturge ne peut être en premier qu'un poète, et il a su fusionner ces deux côtés dans ces adaptations qu'on retrouve habillées dans le respect de la culture amazighe, de son environnement, de ses personnages et de sa structure politique et sociale". M. Fetmouche a par ailleurs relevé la nécessité et l'urgence de revisiter l'œuvre de Mohya, non d'une manière superficielle et dans un but “biographique", mais dans un sens plus scientifique et un cadre de recherche. La journée d'hier a été émaillée de témoignages de Slimane Chabi, Slimani Taher, compagnons de Mohya, et par une conférence débat animée par Omar Fetmouche autour de l'œuvre de Mohya. K T