Elle vise à amener les abonnés à régler les consommations d'eau impayées depuis des mois, voire des années, sous peine de mesures coercitives prévues par la loi. L'Algérienne des eaux (ADE) a lancé hier une campagne de sensibilisation visant le recouvrement de ses créances estimées à près de 32 milliards de centimes, a-t-on appris auprès du directeur de cette entreprise, M. Chibani. À travers cette campagne, l'ADE vise à amener ses abonnés débiteurs à régler les consommations d'eau impayées depuis des mois, voire des années, sous peine de mesures coercitives prévues par la loi. Quant aux catégories des usagers "non payeurs", il est constaté que les ménages forment le plus gros débiteur, suivis des administrations, puis des unités industrielles. Selon M. Chibani, sur les 32 milliards de centimes des créances détenues par l'ADE sur ses abonnés, un montant de 11 milliards de centimes concerne les ménages, soit 34,37% des créances globales. Concernant le montant des créances détenues sur les administrations, il représente 12,4 milliards de centimes, soit 40,62% du montant global, et dont 6,5 milliards de centimes sont dus par les seules collectivités locales. Les unités industrielles sont redevables, quant à elles, d'un montant de 2 milliards de centimes, soit 6,25%. Pour le même responsable, "si le paiement des factures d'eau constitue un devoir citoyen, il constitue, néanmoins, une action qui contribue à l'équilibre de la trésorerie de l'ADE". En conséquence, explique-t-il, "l'entreprise se trouve dans une situation financière difficile qui fait qu'en valeur absolue, elle est déficitaire, n'était l'aide des pouvoirs publics. La procédure de recouvrement prévoit que les usagers concernés disposent d'un délai de 15 jours pour s'acquitter des factures impayées". Questionné sur les mesures qui seront prises une fois ce délai expiré et que les usagers concernés n'auront toujours pas réglé leur facture, le même responsable prévient qu'ils s'exposeront à des mesures coercitives prévues par la loi, qui vont jusqu'à la coupure de l'alimentation en eau et à la saisine des instances judiciaires. Mais avant de prendre de telles mesures, précise-t-il, "l'entreprise accorde un autre délai durant lequel elle doit s'assurer notamment que le client a effectivement reçu sa facture d'impayés et qu'il n'a pas introduit de réclamation. Au bout de ce deuxième délai d'une semaine qui s'ajoutera aux 15 jours, l'ADE engagera effectivement la procédure de suspension par le centre de distribution à l'encontre des clients récalcitrants", souligne-t-il, en tenant à faire savoir que son entreprise assouplit les conditions de paiement des créances en accordant des échéanciers à ses abonnés. Mais si la suspension de l'alimentation en eau potable pour défaut de paiement ne parvient pas à soumettre le client à l'acquittement de sa facture impayée, l'entreprise engagera alors la procédure judiciaire nécessaire au recouvrement de la créance. Par ailleurs, M. Chibani souligne que le coût réel de l'eau est évalué, en moyenne, à 60 DA/m3 à sa sortie de la station de dessalement, alors que le consommateur paie sa facture à 6,2 DA/m3. En dépit de cette importante subvention, l'ADE estime qu'elle n'a pas encore réussi à juguler l'augmentation du nombre de dossiers des "mauvaises créances". "Si le ministère des Ressources en eau veille à l'amélioration du service public de l'eau, il s'inquiète de cette masse d'argent importante (non récupérée) qui pourrait nous permettre de financer la réalisation d'autres projets, mais malheureusement, on n'arrive toujours pas à recouvrer une bonne partie des créances impayées", souligne-t-il. L'ADE dessert en eau potable un nombre de 119 545 de clients. E. Yacine