La bataille électorale aujourd'hui entre les “frères ennemis” dans la région du Metn inquiète les chrétiens anti-syriens qui estiment que ces divisions desservent l'intérêt national et celui de leur communauté. Le général à la retraite, Michel Aoun, chassé du pouvoir en 1990 par une intervention militaire syrienne et forcé à l'exil en France durant les 15 ans de tutelle de Damas, a forgé des alliances électorales avec des figures de proue, notamment chrétiennes, du soutien à la présence syrienne. Dans la région du Metn, sa liste affronte celle menée par Nassib Lahoud, un féroce opposant à son cousin et président pro-syrien Emile Lahoud. Nassib Lahoud y est l'allié de Pierre Gemayel, un anti-syrien notoire. La première étape des législatives a consacré à Beyrouth le monopole du courant Hariri sur les sièges sunnites et la seconde étape au Liban-Sud, la suprématie des mouvements Hezbollah et Amal sur les sièges chiites. Dans le village de Bikfaya, un bastion de la famille Gemayel, Elie Damassi se dit déçu par les manœuvres “électoralistes” des politiciens chrétiens, soutenus par le tandem créé entre le chef sunnite, Saâd Hariri, et le chef druze, Walid Joumblatt. Accusant Joumblatt et Hariri d'avoir “longtemps profité de la mainmise syrienne pour se maintenir au pouvoir”, Elie estime que “les personnalités chrétiennes anti-syriennes n'auraient pas dû lier leur sort à ces chefs musulmans”, qui ont participé à presque tous les gouvernements pro-syriens. Aoun a fait de la lutte anti-corruption le leitmotiv de sa campagne électorale, exigeant un audit financier international sur l'écrasante dette du Liban qui a atteint 35 milliards de dollars, soit 185% du PIB. Le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, chef de la principale communauté chrétienne du Liban, est monté au créneau pour dénoncer “la discorde” entre les candidats chrétiens anti-syriens. Neuf des dix-neuf sièges de Beyrouth et six des vingt-trois sièges du Liban-Sud ont été attribués d'office aux candidats des listes Hariri et Hezbollah-Amal, faute de concurrents. R. I./Agences