Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a rassuré les opérateurs sur la question des expropriations des terrains privés situés sur le tracé de la future autoroute. Un séminaire international sur le projet d'autoroute Est-Ouest a regroupé, hier, à l'hôtel Sheraton, à Alger, les représentants de centaines d'entreprises, dont 150 environ sont venus d'Amérique, d'Europe, d'Asie, d'Afrique du Sud ou de pays arabes. Organisé par le département des Travaux publics, le séminaire devait permettre aux entreprises ou consortiums intéressés par le marché de prendre connaissance du projet dans le menu détail et de s'enquérir des possibilités et des modalités de contractualisation avec le maître de l'ouvrage, l'Agence nationale des autoroutes (ANA) en l'occurrence, mais également du niveau de qualité exigé et des délais escomptés qu'il ne faudra dépasser “en aucun cas”, selon la formule du ministre des travaux publics. La question de l'expropriation des terrains privés par lesquels passe le tracé de la future autoroute a été la plus largement abordée par les participants. La réponse des représentants des pouvoirs publics à cette inquiétude s'est voulue rassurante : la législation algérienne en la matière a récemment été modifiée pour éviter toute perte de temps dans l'exécution des travaux, les modalités d'indemnisation et de compensation des ayants droit sont rigoureusement codifiées. Une enveloppe de 10 milliards de dinars est prévue à cet effet, et les propriétaires des terrains ou autres biens immeubles concernés pourront bénéficier de la compensation “non pas selon des prix décidés par l'administration, mais au prix réel, fixé après expertise et, au besoin, après contre-expertise”, a encore assuré Amar Ghoul, lors d'un point de presse en marge de la rencontre. Les intervenants ont également soulevé la problématique de la disponibilité des matériaux et, notamment, des agrégats et enrobés. Ce à quoi M. Feknous, le directeur général de l'ANA, a répondu en affirmant que les gisements existent tout au long du tracé et devront permettre de subvenir aux besoins du projet qui s'élèvent à 19 192 000 de mètres cubes d'agrégats et 21200000 tonnes d'enrobés. Il va falloir, a-t-il précisé, que des consortiums ou groupements d'entreprises s'engagent, y compris dans l'exploitation des carrières et autres stations de concassage, “des entreprises nationales ne pouvant que venir en appoint” vu leur faiblesse. Les garanties quant aux transferts de fonds, les normes, le contrôle des travaux et les capacités d'études, la notion de risque et de partage du risque ont également fait l'objet d'intenses échanges entre les participants et les représentants des pouvoirs publics. D'un linéaire total de 927 kilomètres, le tracé de l'autoroute est-ouest est divisé en trois lots : le lot Est ; allant de Bordj Bou-Arréridj à El-Tarf, le lot Centre ; allant de Chlef à Bordj Bou-Arréridj, et enfin le lot ouest; allant de Chlef à la frontière algéro-marocaine. Il reste à réaliser sur ces trois lots respectivement 399 kilomètres, 169 kilomètres et 359 kilomètres. Si elle est certes de moitié moins longue que les tronçons de l'est et de l'ouest, la partie centrale du projet est toutefois jugée “la plus difficile à réaliser” en raison du relief qui caractérise la région, notamment la zone de Z'barbar et Lakhdaria et des contraintes géologiques. D'est en ouest, la future autoroute comportera 390 ouvrages d'art, dont 25 viaducs, ainsi que 11 tunnels, dont 6 au centre et 5 à l'est. à noter que dans un message adressé aux séminaristes et lu par M. Ghoul à l'ouverture des travaux du séminaire, le chef de l'état a souligné le rôle “hautement stratégique” du projet doté d'une enveloppe de 7 milliards de dollars. Il a également indiqué que la décision de financer ledit projet sur fonds publics, prise le 20 février dernier, répondait au souci de “doter notre pays à l'horizon 2009 d'une autoroute de 1 216 kilomètres qui placera durablement l'Algérie sur la voie du progrès et de la modernité”. Cette décision, ajoute Bouteflika, traduit aussi le souci de “compter sur nos propres moyens financiers, le recours à l'endettement extérieur étant aujourd'hui exclu”. Farouk Lekhmici