Allant à contresens des prévisions des géopoliticiens, Donald Trump a provoqué un véritable bouleversement au Proche-Orient en retirant les soldats américains du nord-est de la Syrie. Le retrait des soldats américains de Syrie, comme décidé par le président Donald Trump, commence déjà à créer des tensions entre le voisin immédiat de Damas, Ankara, et l'un des fervents partisans du départ de Bachar Al-Assad du pouvoir, Paris. En effet, la Turquie a mis en garde hier la France pour son soutien à une milice kurde en Syrie en première ligne dans la lutte contre les terroristes de l'autoproclamé Etat islamique (Daech) et à Al-Qaïda. Cette milice, les Unités de protection du peuple (YPG), est le fer de lance sur le terrain en Syrie de la coalition internationale emmenée par Washington contre Daech, mais elle est considérée comme "terroriste" par Ankara pour ses liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une guérilla sanglante sur le territoire turc depuis 1984. "Ce n'est un secret pour personne que la France soutient les YPG. Macron a rencontré leurs représentants", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, cité par l'agence étatique Anadolu, lors d'une rencontre avec des journalistes turcs. "Nous n'avons pas d'information sur l'envoi de nouveaux soldats (français) mais ils maintiennent leur présence actuelle. S'ils restent pour contribuer à l'avenir de la Syrie, alors merci. Mais s'ils restent pour protéger les YPG, cela ne sera bénéfique pour personne", a-t-il ajouté. La France fait partie de la coalition internationale et elle a joué un rôle de premier plan dans la guerre en Syrie, en soutenant ouvertement l'opposition politico-armée contre le pouvoir en place depuis 2011. Le président français Emmanuel Macron a affirmé dimanche "regretter profondément" la décision américaine, estimant qu'un allié "se doit d'être fiable". La France a aussi affirmé qu'elle restait engagée dans la coalition anti-EI en dépit du retrait annoncé des troupes américaines de Syrie. Le retrait américain n'a pas laissé indifférents les Irakiens qui vivent, eux aussi, dans l'instabilité depuis la guerre d'invasion américaine en 2003 et que la création de Daech en juin 2014 a aggravée. Lundi, le Premier ministre irakien Adel Abdul Mahdi, a réagi en affirmant : "Nous avons discuté... de la décision américaine de retirer ses troupes de la Syrie, car cela aura des répercussions considérables sur l'Irak." "S'il y a une tension de sécurité en Syrie (à la suite du retrait américain), il y aura une vague migratoire, et l'Irak sera l'un des premiers pays exposés à ce problème", a-t-il expliqué lors d'un point de presse organisé à l'issue d'une réunion hebdomadaire avec son équipe gouvernementale. "Les terroristes pourraient quitter la Syrie et tenter d'entrer en Irak, ce qui aurait également des répercussions sur notre pays", a-t-il ajouté. Il a souligné que l'Irak devait désormais prendre des précautions pour qu'il ne soit pas affecté.