En dépit du net recul du terrorisme, la DGSN n'entend pas baisser sa vigilance. “L'aéroport d'Alger est totalement sécurisé. Nous ne pouvons pas faire mieux”. Ali Tounsi est reparti, hier, très satisfait de sa visite d'inspection de l'aérogare internationale de la capitale, Houari-Boumediene. Fort du constat très favorable établi par l'Organisation internationale de l'aviation civile (OIAC), le directeur général de la Sûreté nationale estime que l'enceinte aéroportuaire “est très bien dotée”. “Les experts étrangers ont beaucoup apprécié”, fait-il remarquer en référence au dernier audit de l'OAIC, rendu public en mars dernier. Cette expertise classe l'aéroport d'Alger parmi les trois enceintes de même type les plus sûres au monde. Selon certaines indiscrétions, les inspecteurs de l'organisation internationale ont même été épatés par certaines méthodes de contrôle drastiques spécifiques à la Police des frontières algérienne. Cependant, en dépit de ce jugement élogieux, la DGSN ne s'autorise aucun fléchissement. à la question de savoir si la PAF entend alléger le dispositif de sécurité aéroportuaire compte tenu du repli de la menace terroriste, M. Tounsi apporte une réponse négative. “Certes, ces mesures sont qualifiées par certains d'exorbitantes, mais c'est grâce à elles que nous nous sommes hissés parmi les meilleurs”, commente-t-il. évoquant des mesures apparentes et d'autres dissimulées, le DGSN inscrit le dispositif mis en place dans une démarche préventive et de vigilance. “Il est entendu que s'il y a une menace, nous augmenterons nos moyens”, assure-t-il. Le patron de la police s'est rendu à l'aéroport Houari-Boumediene à l'occasion de journées portes ouvertes sur les activités de la PAF, dont il a donné le coup d'envoi. Cette manifestation inédite répond au souci de la police de se rapprocher des citoyens. D'ailleurs, de nombreux usagers ont eu à visiter le comptoir d'exposition installé à proximité des guichets d'enregistrement des lignes internationales. Vulgarisant les prérogatives des différents intervenants, dont la deuxième brigade de la PAF (2e BPF. AHB), la Police judiciaire, scientifique et cynophile ainsi que l'atelier de déminage, les stands illustrent un quadrillage strict, quasi-militaire de l'espace aéroportuaire. Cette implication accrue de la DGSN s'est imposée comme un impératif de survie suite à l'attentat à la bombe de 1992. Le détournement de l'Airbus d'Air France en décembre 1994 a dévoilé l'existence de failles qu'il fallait combler au plus vite. Sans sécurité, l'aéroport d'Alger était voué à la désertion permanente des compagnies étrangères. Pour rompre l'embargo, la police devait absolument occuper le terrain. Dans cet objectif était mis en place le commissariat de sécurité. Présidé par le directeur de la PAF, cet organisme associe les compagnies aériennes, la Protection civile, l'Entreprise de gestion aéroportuaire (EGSA) et de la navigation aérienne (Enna). Faisant l'éloge de ce pool, le DGSN a remercié par ailleurs l'EGSA d'avoir facilité le déploiement de ses agents sur son territoire. Ses gratifications s'adressent également aux usagers qui “par leur prise de conscience” rendent aisée la tâche des policiers. Le directeur général de la Police des frontières, M. Khelifa acquiesce : “Quelquefois, les passagers interpellent des policiers en remarquant qu'ils n'ont pas fait l'objet d'une opération de contrôle quelconque”, confie-t-il. De leur côté, les éléments de la DGSN sont instruits de la nécessité d'allier les impératifs de sécurité au confort des voyageurs. Telle est la devise des portes ouvertes. à cet effet, des dépliants portant des conseils pratiques sont disponibles dans l'aérogare. Dans leur conduite, les policiers tentent également de se montrer courtois. Toutefois, la vigilance demeure leur maître mot. De l'entrée de l'enceinte aéroportuaire jusqu'à la passerelle de l'avion, plusieurs filtres de contrôle des passagers sont prévus. Le pourtour de l'aéroport (23 km) est sécurisé par des miradors. L'accès aux pistes est réglementé. Si les agents de la PAF portent des uniformes, les personnels au sol (agents des compagnies aériennes, manutentionnaires) sont reconnaissables à des gilets vert fluorescent. C'est uniquement revêtus de ce dossard, qu'ils sont autorisés à mettre les pieds dans la fameuse zone jaune, soit l'aire de décollage et d'atterrissage des avions. à leur tour, les aéronefs font l'objet d'une autre opération d'inspection, dite de stérilisation. Celle-ci cible en outre les bagages. 450 Policiers approximativement sont réquisitionnés (sur 7 000 “pafistes” à l'échelle nationale) pour assurer la sécurité de l'aéroport. En saison estivale, cet effectif est renforcé compte tenu de l'augmentation du trafic. Quotidiennement, la PAF traite jusqu'à 10 000 passagers. En 2004, ils étaient deux millions et demi. Enfin, il est à noter que l'aéroport d'Alger est sous surveillance permanente de 75 caméras. Samia Lokmane