"Ce n'est pas nous qui sommes handicapés. C'est l'environnement qui nous pose des obstacles", a raconté Zakia, 28 ans, paraplégique, lors d'une conférence de presse animée par la présidente de la Fédération algérienne des personnes handicapées, Mme Atika El-Mammeri. La jeune femme a cité la grande contrainte de l'accessibilité. "Je suis en fauteuil roulant. Sans ascenseur et sans rampe, je ne peux pas circuler", a-t-elle affirmé. Elle est aussitôt confortée par Zoheïr, paraplégique lui aussi. "Je viens de me marier. Ma femme veut sortir. Je ne le peux pas. Nous habitons au troisième étage. Les copains du quartier en ont marre de me porter pour monter et descendre les escaliers. Je les appelle, ils ne répondent pas. Je regarde par la fenêtre et je les vois regroupés au bas de l'immeuble." Ces deux témoignages résument les entraves vécues au quotidien par les personnes aux besoins spécifiques. "La famille se sacrifie pour venir en aide aux proches en situation de handicap. Mais à un certain moment, les parents disparaissent, et les invalides se retrouvent livrés à eux-mêmes", regrette Mme El-Mammeri, elle-même tétraplégique depuis plus de trente ans. "Nous ne demandons pas des privilèges, mais des droits, et surtout une protection sociale", a-t-elle poursuivi. Les blessés médullaires, les Algériens souffrant de sclérose en plaques ou de spina-bifida, soit des malades avec une vessie neurologique, sont, en outre, confrontés aux difficultés d'accès aux sondes urinaires pour auto-sondage. "Nos patients meurent de complications urinaires. L'autosondage est vital. C'est tellement évident, pourquoi doit-on convaincre ? Nous nous engageons avec nos patients dans ce sens. Mais dès qu'ils sortent de l'hôpital, c'est la galère", a rapporté le Pr Cherid, chef de service de rééducation fonctionnelle à Azur Plage. "Si les malades ne sont pas autosondés, ils font des infections à répétition. Ils sont ainsi exposés à l'atteinte rénale et par là même à l'hémodialyse", a corroboré son confrère, le Pr Belmihoub, chef de service à l'EHS Tixeraïne. Jusqu'alors, ce dispositif médical n'était pas encore remboursé par la Caisse nationale des travailleurs assurés sociaux (Cnas). Pourtant, il est inclus dans un traitement à vie. Le patient vide sa vessie, par ce procédé, au moins cinq fois par jour. Ce qui équivaut à l'utilisation de cinq sondes à usage unique quotidiennement. L'unité coûte environ 300 DA. Un véritable budget. "J'achète les sondes sous le comptoir, comme si c'était un produit interdit à la vente, car elles ne sont pas disponibles. Les pharmacies et les parapharmacies ne s'approvisionnent plus, car elles ne se vendent pas à cause de leur prix élevé", a expliqué Zakia. Elle assure qu'il lui arrive de réutiliser une sonde pendant plusieurs jours, par économie et par indisponibilité. "Il y a une écoute au niveau de la Cnas. Plusieurs médicaments et dispositifs médicaux seront pris en charge", a affirmé Mme El-Mammeri, rassurante. Il semblerait que la Caisse de sécurité sociale consente à intégrer les sondes lubrifiées pour autosondage dans la nomenclature des produits pharmaceutiques remboursés. Elle réfléchit, en outre, à l'institution d'une carte Chifa spécial appareillages. Souhila H.