L'écrivain Lazhari Labter a présenté samedi à la librairie Multi-livre, Cheikh-Omar de Tizi Ouzou, son dernier ouvrage Laghouat la Ville assassinée ou le point de vue de Fromentin (éditions Hibr). Le livre raconte une épopée encore méconnue, ou ignorée complètement, sur l'histoire de notre pays, notamment celle de la colonisation, dira Labter. L'auteur raconte l'histoire d'un génocide qui a été commis par les soldats français lors de la prise de la ville de Laghouat, sa ville natale, en 1852. "J'ai intitulé le livre ‘Laghouat la Ville assassinée ou le point de vue de Fromentin' car c'est un ouvrage à deux voix, dans lequel je raconte une histoire réelle et documentée à base de faits attestés. Il y a aussi des ‘blancs' ou des failles dans l'histoire que je comble avec de l'imagination pour essayer de comprendre ce qui s'est passé à l'intérieur de la ville assiégée", a-t-il précisé. Et d'ajputer : "Ce livre est aussi à deux voix car nous avons eu la chance, en plus de tous les documents laissés par les généraux français, d'avoir entre les mains un ouvrage capital Un été dans le Sahara, de l'artiste peintre Eugène Fromentin qui est arrivé à Laghouat au mois de juin 1853, soit six mois après la prise de Laghouat, les 3 et 4 décembre 1852". À ce propos, il a indiqué que lorsqu'Eugène Fromentin est arrivé dans la ville de Laghouat en été, il a trouvé la ruine fumante de la ville. Les cadavres étaient encore là. La puanteur des gens qui ont été tués était encore là. Les corbeaux et les vautours tournaient autour de la ville. Et "l'écrivain nous laisse un livre où il décrit avec une très grande objectivité sur ce qui s'est passé dans la ville, et cet ouvrage reste un ouvrage de référence". Une histoire malheureusement encore méconnue, si ce n'est ce livre qui revient déterrer et faire renaître de ses cendres un chapitre de l'histoire qui mérite bien d'être lu et expliqué à la jeune génération et même, retrouvé dans les livres d'histoires. Pour Lazhari Labter "lorsque les Français ont pris la ville de Laghouat, ils ont commis un génocide et un massacre. Sur une population de 4 000 habitants, 2500 ont été tués. C'était des fleuves de sang qui coulaient. Il y avait des cadavres dans toute la ville : l'horreur absolue ! D'ailleurs Fromentin décrit la ville en affirmant : j'arrive dans une ville qui est morte de mort violente ! Cela dans une première version, avant de revoir son expression, dans une deuxième version, où il barre le mot ‘violente' et d'écrire : je rentre dans une ville, qui est une ville assassinée". Lazhari Labter a affirmé qu'il y a une forme de négligence dans l'écriture de notre histoire, mais quelque part aussi, voulue, afin d'occulter la résistance de certains chefs historiques comme celle menée par Bennacer Benchohra, qui était sur tous les fronts, plus que l'Emir Abdelkader, cheikh Haddad, cheikh Mokrani réunis. À l'issue de cette rencontre, l'auteur a annoncé la traduction en cours du livre Laghouat la Ville assassinée ou le point de vue de Fromentin vers l'arabe en attendant, espère-t-il, sa traduction vers tamazight. K. Tighilt