Le dossier brûlant de la démolition du vieux bâti et autres bidonvilles à travers la wilaya est toujours d'actualité. Le cas du bidonville situé à proximité de la cité du 1er-Novembre, dans la commune d'El-Esnam (est de Bouira), en est l'exemple vivant. Ce bidonville a été partiellement rasé en 2014, et ce, après le relogement de ses habitants au niveau de la cité Saïd-Guendouz, dans le programme des logements dit RHP (résorption de l'habitat précaire). Cependant, il subsiste un imbroglio juridique et domanial, lié notamment à l'implantation de certaines baraques sur des terrains domaniaux par certains résidents. En effet, une vingtaine de familles refusent tout bonnement de quitter les lieux. Pourquoi ? Eh bien elles conditionnent leur départ par l'affectation de ces lots de terrain qu'elles disent occuper depuis plusieurs années. Le hic réside dans le fait que ces assiettes foncières sont des biens domaniaux et par conséquent ils sont frappés du sceau de l'accessibilité. Et comme la nature a horreur du vide, ces assiettes litigieuses sont la proie de certains citoyens qui profitent de cet imbroglio pour tenter d'occuper les lieux illicitement et empêcher la démolition de ces taudis. "Ce dossier est extrêmement compliqué à gérer, car ces bâtisses appartiennent à des particuliers, qui sont dans l'indivision et avec des locataires. On ne peut pas les raser aussi aisément", dira le P/APC d'El-Esnam. Néanmoins pour cet édile, il faudrait laisser les services concernés, à savoir l'APC, la daïra et les Domaines "faire leur travail", a-t-il souligné. De leur côté, les résidents de ces baraques n'ont qu'un seul leitmotiv : le recasement. En effet, pour eux, la situation n'est pas aussi inextricable. "Il faudrait effectuer un recensement et celui qui n'a pas de bien ici, il doit partir pour que les autorités puissent démolir et nous reloger ensuite", expliquera un habitant de ce bidonville. Pour d'autres riverains, les services de la daïra de Bechloul, dont relève administrativement la commune d'El-Esnam, sont responsables de cette situation. "Tout est bloqué au niveau de la daïra ! L'APC à elle seule ne peut absolument rien régler, car ce sont les services de la daïra qui décident du programme de relogement", précise un habitant de ladite cité rencontré sur les lieux. "Nous vivons dans des conditions inhumaines ! On nous a promis que nous allons être relogés en juin 2015, quatre ans plus tard, nous vivotons toujours dans des taudis datant de l'ère coloniale", indiquent certains riverains. Certains d'entre eux, à l'image de Tahar S., père de 4 ans enfants, dont un souffrant de problèmes respiratoires, crient à la "hogra et au mépris des autorités locales". "Nous sommes considérés comme des parias par les autorités ! On vit comme des animaux en cage", s'est-il écrié. "Cela fait près de 60 ans que notre situation va de mal en pis, sans qu'aucun responsable lève le petit doigt pour nous ! Je suis las de cette misère, las de cette vie, marre de voir mes enfants grandir parmi les rats et les détritus", s'est-il indigné. À titre indicatif, plusieurs élus à l'APW de Bouira avaient lors de la dernière session de cette assemblée, interpellé le wali sur la situation des habitants de ce bidonville, la qualifiant de désastreuse. RAMDANE BOURAHLA