Cette forte hausse de 79,23% est notamment due aux fortes pressions exercées par les chancelleries étrangères sur le gouvernement pour expédier les dossiers d'agrément des marques qui voulaient s'installer sur notre marché. Le montage automobile, un passage obligatoire pour passer au cap d'une industrie digne de ce nom, continue de siphonner les réserves de changes du pays, à tel point que la facture d'importation des collections CKD destinées à cette industrie naissante a explosé au courant de l'année 2018. En effet, selon le Centre national des transmissions et du système d'information des douanes algériennes (Cntsid), l'ardoise de l'année 2018 a enregistré une forte hausse de l'ordre de 79,23% par rapport à l'année 2017 et devra connaître une nette augmentation au courant de l'année 2019 avec l'agrément de trois nouvelles usines. Selon le Cntsid, le montage des véhicules de tourisme a atteint la bagatelle de 3 milliards de dollars en 2018 contre 1,67 milliard de dollars en 2017. Autrement dit, les importations des collections CKD des véhicules de tourisme, classés dans le groupe des biens de consommation non alimentaires, ont augmenté de plus de 1,32 milliard de dollars à cause d'une dizaine de marques qui s'étaient installées durant la même année et qui ont enregistré une forte cadence de production, contre une stagnation en termes d'intégration, de formation et de transfert de technologies. Cette hausse de 79,23%, par ailleurs attendue, était aussi due aux fortes pressions exercées par les chancelleries étrangères sur le gouvernement algérien pour expédier les dossiers d'agrément des marques qui voulaient s'installer sur notre marché. En premier lieu, cette tendance haussière a été fortement ressentie également dans les importations des véhicules de transport de personnes et de marchandises et de leurs collections CKD. Avec une facture de 732,14 millions de dollars en 2018, contre 521,22 millions de dollars en 2017, ce segment également classé dans le groupe des biens d'équipement a ainsi connu une hausse de l'ordre de 211 millions de dollars, soit une hausse de 40,5% sur les importations des véhicules de transport de personnes et de marchandises et des collections CKD. Toujours dans le même chapitre, révèle le Cntsid, la facture globale d'importation des collections CKD destinées à l'industrie de montage de ces deux types de véhicules et l'importation des véhicules de transport de personnes et de marchandises, au volet des produits finis, s'est chiffrée à plus de 3,73 milliards de dollars en 2018 contre 2,2 milliards de dollars en 2017, en hausse de 1,53 milliard de dollars, soit une hausse vertigineuse de 70%. Concernant les importations des parties et accessoires des véhicules automobiles, comme les pièces détachées pour les véhicules d'occasion, elles ont connu une légère baisse de 10,01%, passant de 416,23 millions de dollars, contre 374,6 millions de dollars en 2017, soit un fléchissement de 41,65 millions de dollars. En revanche, les importations des pneumatiques neufs en caoutchouc se sont chiffrées à 147 millions de dollars en 2018, contre 123,62 millions de dollars en 2017, soit une hausse de 19%. Selon des chiffres officiels, l'industrie de montage local des véhicules de tourisme a réalisé un volume de production de 180 000 véhicules en 2018, contre 110 000 en 2017, en sus de la production de 4 500 véhicules industriels durant la même année. Avec la prévision du gouvernement d'atteindre 250 000 véhicules en 2019 et 500 000 à l'horizon 2022, il ressort, d'ores et déjà, que le gouvernement n'a pas atteint l'objectif escompté, notamment en termes de rapport qualité/prix/équipements, d'une part, mais surtout de valeur ajoutée de cette industrie qui revêt, pour le moment, un caractère budgétivore, d'autre part. Car, au demeurant, les constructeurs n'ont pas encore répondu aux attentes du gouvernement dans le domaine de la sous-traitance et encore moins un retour sur investissement sur les avantages fiscaux et parafiscaux accordés par le Conseil national d'investissement (CNI) pour passer au cap de la fabrication de la pièce de rechange et d'un volume de véhicules destinés à l'exportation. Cela nous renvoie à la récente déclaration du ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, selon laquelle l'Algérie a besoin au moins de 10 à 20 ans pour développer une véritable industrie automobile. FARID BELGACEM