Le monde entier a dû constater, vendredi 22 février, la déferlante citoyenne pacifique, partout à travers l'Algérie, pour opposer un niet catégorique à la reconduction d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat consécutif à la tête du pays. Un seul slogan, un seul mot à l'ordre du jour : «Non au 5e mandat», comme l'exprimaient ces dizaines de milliers de banderoles haut portées par des Algériennes et des Algériens, toutes catégories d'âges confondues. Et les images prises instantanément et les vidéos filmées en direct dans toutes les grandes villes du pays, ne peuvent pas mentir. Nous avons tous vu, le monde peut désormais en témoigner, et l'histoire le retiendra assurément dans ses chapitres contemporains. Le peuple algérien a dit non au 5e mandat. Il s'avère, contre toute attente, que d'autres ont vu «des manifestants appeler à des réformes profondes comme cela se fait partout à travers le monde, aux Etats Unis comme en France ou au Royaume Uni…». Ils ont vu «des manifestants à l'instar de tous les peuples du monde aspirer à davantage de démocratie…». Cette vision de l'esprit est d'Amar Ghoul, président du parti TAJ, membre de la coalition présidentielle qui soutient la candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Ce dernier, qui animait une activité « politique », aujourd'hui samedi, à Alger, pense même avoir inspiré les manifestants : «Nous avons été les premiers, au sein de Taj, à appeler à la convocation d'une conférence nationale pour discuter entre algériens et engager des réformes». Amar Ghoul laisse aussi entendre, et sans sourciller, que les aspirations des manifestants de ce vendredi sont conformes avec les réformes proposées par le Président de la république dans sa lettre de candidature. Mais le Président de TAJ, comble de la perversion de la réalité quand ce n'est pas le fait d'une cécité mentale avérée, n'a, à aucun moment, vu et entendu des Algériens dire «non au 5e mandat». Pourtant, il s'agit exclusivement de cela. Rien d'autre que cela. Son coreligionnaire politique, Mouad Bouchareb, coordinateur d'un FLN vidé de ses structures partisanes, est du même avis. Dans un meeting à Oran, aujourd'hui samedi, où il réunissait les cadres de son parti, issus des wilayas de l'ouest du pays, il a reconnu que «la constitution algérienne consacre aux citoyens le droit de porter des revendications». Mais quels types de revendications ? Mouad Bouchareb n'en dit pas plus, de même qu'il ne pipera pas mot sur les manifestations du 22 février et leur élément déclencheur : La candidature du Président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Et comme tout reniement de la réalité est forcément suivi d'un délire mental accéléré, le coordinateur de l'ex-parti unique se laisse aller à des dissertations surréalistes : «Comme les oulémas musulmans ont été envoyés par Dieu, en leur temps, pour réformer, Bouteflika nous a été envoyé par Dieu, en 1999, pour apporter paix et stabilité (…)». Tout est dit : Les psychiatres ont manifestement du boulot, parce qu'après les deux sorties médiatiques d'Amar Ghoul et de Mouad Bouchareb, il se trouvera dans les prochains jours, des clients attitrés du système qui viendront nous jurer que «les manifestants sont sortis crier leur joie et leur bonheur après l'annonce de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat». Et ce ne sera pas de la satire. Ne riez donc pas quand vous les entendrez ! Mehdi Mehenni