L'annonce du maintien de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour briguer un 5e mandat à la tête du pays, a provoqué, dans la soirée d'avant-hier, une réaction épidermique chez les citoyens de la wilaya de Bouira, qui, encore une fois, ont exprimé leur rejet sans appel du système et dénoncé le "mépris" et "l'obstination" du pouvoir. En effet, c'est vers 21h que des milliers de citoyens ont, spontanément, investi la rue pour manifester le rejet catégorique de la candidature de l'actuel chef de l'Etat. Ainsi et même si tous les indicateurs tendaient vers le "jusqu'au-boutisme" du pouvoir à faire passer, coûte que coûte, le 5e mandat, les citoyens avaient encore un infime espoir que leurs revendications soient entendues. Après l'annonce du directeur de campagne du candidat Bouteflika, cet espoir, aussi minime soit-il, s'est définitivement évaporé. "Une provocation ! Ce pouvoir veut nous pousser à l'insurrection. Nous allons continuer à lutter pacifiquement et aussi longtemps qu'il le faudra", a mis en exergue un ancien leader du mouvement citoyen des Ârouch à Bouira. Les marcheurs ont, tout au long de leur procession qui les a conduits vers le siège de la wilaya, scandé des slogans hostiles au pouvoir en place. "Bouteflika, le Marocain, il n'y aura pas de 5e mandat", "FLN dégage !", "Le peuple veut la chute du régime", ou encore "El-djeïch el-chaâb khawa khawa (l'armée et le peuple sont des frères)". Cette manifestation nocturne s'est achevée dans le calme vers minuit et sans aucun incident. Hier, c'étaient les étudiants de l'université Akli-Mohand-Oulhadj de reprendre le chemin de la contestation pour la deuxième journée consécutive. Ainsi, c'est à 9h45 que des centaines d'étudiants se sont massés devant le portail principal du pôle universitaire, d'où ils ont décidé d'entamer leur marche. Banderoles et emblème national ainsi que le drapeau amazigh ont été déployés, signe que cette marche est celle de l'Algérie tout entière, plurielle, une et indivisible. Sur certaines pancartes, on pouvait lire entre autres "Système dégage", "Quand l'université se révolte, il n'y a aucune crainte à avoir pour le pays", ou bien une célèbre phrase prononcée par le défunt Hocine Aït Ahmed, lors des marches de 1991. "Rendez-nous notre Algérie". Lors d'une halte devant les locaux de la 2e sûreté urbaine de Bouira, les manifestants ont invité les policiers à rejoindre le mouvement : "Ya el-polici nahi el kaskita wa arwah maâna (policiers, enlevez votre képi et venez nous rejoindre)." Vers 12h30, tout ce beau monde a pris d'assaut l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zaâmoum, pour scander des slogans anti-système. Enfin, il y a lieu de souligner qu'aucun dépassement n'a été enregistré aussi bien côté étudiants que côté forces de l'ordre qui se sont contentées de baliser leur itinéraire. RAMDANE BOURAHLA