Six personnalités représentant la diaspora algérienne en France ont rendez-vous lundi à 16h au palais de l'Elysée où elles doivent rencontrer le conseiller diplomatique du président Emmanuel Macron, Aurelien Le Chevalier, et sa conseillère pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Marie Philipe. La délégation sera formée par Abdellah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie et du Conseil des Mozabites d'Europe, Salima Saâdi, élue départementale de Moselle, Sofiane Ghozlane, adjoint au maire de Pontault-Combault (banlieue parisienne), Samira Brahmia, auteure-interprète, Akli Mellouli, maire-adjoint de la ville de Boneuil-sur-Marne (près de Paris), et Nadia Salem, conseillère en stratégie sociale. Ces personnes font partie d'un collectif d'une trentaine d'élus, et de représentants de la société civile qui vient d'adresser une lettre ouverte à M. Macron, lui reprochant les propos qu'il a tenus, après l'annonce du prolongement du mandat du président Bouteflika. Le locataire de l'Elysée avait salué depuis Djibouti, mardi dernier, la décision du chef de l'Etat de ne pas se représenter et de différer la tenue de l'élection, estimant que celle-ci signe "une nouvelle page" de l'histoire algérienne. "Le choix de la France de saluer cette décision — sans faire cas de l'environnement juridique algérien — est désormais considéré par la majorité des Algériens comme un soutien de la France au coup de force du pouvoir en place, contre la Constitution algérienne et, par conséquent, contre le peuple algérien", ont réagi les signataires de la lettre ouverte qui ont regretté ce qu'ils considèrent comme "un quitus donné précocement au Président algérien, qui fait fi du rejet absolu de ce pouvoir par le peuple algérien". Se plaçant aux côtés des manifestants en Algérie dans leur lutte pour une transition démocratique, le collectif a demandé audience au président Macron pour le sensibiliser sur la situation qui prévaut actuellement en Algérie et l'alerter sur les conséquences fâcheuses du soutien qu'il continue à apporter au régime algérien. Les signataires souhaitent être reçus le 19 mars prochain, date anniversaire du cessez-le-feu en 1962. Pour le moment, le président Macron n'a pas répondu à la demande des représentants de la diaspora. Il a préféré déléguer ses conseillers pour connaître avec précision leurs revendications. "Notre demande est claire. La France doit arrêter de s'ingérer en Algérie", souligne Abdellah Zekri, joint hier par téléphone. Selon lui, le gouvernement français doit écouter ce que veut le peuple algérien qui est engagé pacifiquement pour recouvrer ses droits. Des députés français ont également reproché à M. Macron de s'immiscer dans les affaires algériennes. Pierre Dharréville, membre du groupe d'amitié France-Algérie à l'Assemblée nationale, estime que "le peuple algérien n'a pas besoin de nous pour construire et décider de son avenir, et au regard de l'Histoire, il faut être très clair sur cette question-là". Mathilde Panot, députée de La France insoumise, est du même avis : "Non, ce n'est pas au président de la République de se prononcer sur ces questions-là, et je pense que ce serait beaucoup plus son rôle d'écouter ce qu'il se passe, de répondre aux revendications en France, que de donner des conseils aux Algériens." S. L.-K.