Les tirages opérés jusqu'ici au titre du dispositif de financement interne non conventionnel ont déjà atteint plus de 6 500 milliards de dinars. Le taux de réserves obligatoires des banques, c'est-à-dire le niveau des avoirs que les établissements bancaires et financiers sont tenus de garder en compte auprès de la Banque centrale, a été relevé à 12% à compter du 15 février dernier, contre 8% auparavant, selon une nouvelle instruction de la Banque d'Algérie (BA) publiée tout récemment sur son site internet. À la faveur de la nette amélioration du niveau global des liquidités des banques à la suite, surtout, de la mise en place du dispositif dit de financement non conventionnel, la Banque centrale revient ainsi aux niveaux initiaux de réserves bancaires obligatoires, tels que pratiqués avant la crise pétrolière et financière qui a pris naissance à la mi-2014, sous l'effet de la chute des prix du pétrole. En effet, dès la mi-2016, la forte contraction des liquidités des banques a conduit la BA à procéder à des révisions à la baisse du taux de réserves obligatoires, le portant, dans un premier temps, de 12% à 8%, puis à 4% en août 2017, avant de le relever à nouveau une première fois à 8% en janvier 2018 et désormais à 12% depuis la mi-février, au vu de la situation des bonnes liquidités, voire de légères surliquidités, que connaissent actuellement les banques de la place. Une amélioration qui découle surtout, faut-il le préciser, de la politique du recours à "la planche à billets", en vigueur depuis plus d'un an, mais aussi d'autres instruments monétaires classiques tels que l'Open-Market et le réescompte, actionnés à partir de 2017 par la Banque centrale, en réaction à la situation de la crise financière. Dès lors, le niveau global des liquidités bancaires s'est accru rapidement de quelque 68%, passant ainsi de 821 milliards de dinars à fin 2016 à près de 1 390 milliards de dinars une année plus tard, avant de se stabiliser, au premier semestre de l'année écoulée, à quelque 1 500 milliards de dinars. Aussi, selon des responsables de la BA cités hier par l'APS, le relèvement opéré sur le niveau de fonds que les banques doivent conserver en permanence, en guise de réserves obligatoires, découle de "la politique monétaire suivie de manière continue par la Banque centrale en situation de bonnes liquidités bancaires". Par le biais de ce type d'instruments, la Banque d'Algérie intervient ainsi, en sa qualité d'autorité monétaire, pour maîtriser l'injection des ressources bancaires dans l'économie nationale de sorte à prévenir d'éventuelles poussées d'inflation d'origine monétaire. À souligner, cependant, que les tirages opérés jusqu'ici au titre du dispositif de financement interne non conventionnel ont déjà atteint plus de 6 500 milliards de dinars, et qu'à ce rythme, les risques de dérives inflationnistes peuvent s'amplifier très rapidement et très dangereusement à terme. Akli Rezouali