L'Etat français s'efforce, ces derniers jours, de s'affranchir du soutien officiel embarrassant qu'il a manifesté à l'égard du pouvoir algérien, en saluant le 12 mars dernier la décision de Bouteflika de proroger son mandat contre la volonté du peuple. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a récusé, hier, dans une interview à la chaîne d'information en continu BFM TV, les accusations d'ingérence exprimées à l'égard de la France. "C'est l'Algérie qui décide de son avenir. C'est pas la France", a-t-il martelé, en soulignant "la force du mouvement démocratique" et "le civisme des manifestations". "Les Algériens font preuve d'une grande dignité", a ajouté le patron du Quai d'Orsay. Dans une audition mercredi dernier par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Jean-Yves Le Drian s'est livré à une mise au point quant à la position de la France. "Sur la situation en Algérie, je voudrais dire les choses de manière très claire, parce qu'au cours des derniers jours, notre position a donné lieu à des détournements, des incompréhensions, des raccourcis", avait-il expliqué devant les députés. Saisissant un contexte historique, celui de la célébration, mardi 19 mars, du 57e anniversaire des accords d'Evian, il a rappelé que l'Algérie est un pays souverain. "C'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de décider souverainement de son avenir, et il a montré cette posture au cours des dernières semaines. Il a montré qu'il était déterminé à faire entendre sa voix", a précisé le ministre français des Affaires étrangères qui a, à cette occasion aussi, relevé la dignité et le civisme dans lequel se déroulent les manifestations en Algérie. "Cette liberté et cette dignité doivent être respectées, mais la solution appartient aux Algériens, il ne revient pas à la France de se prononcer sur les choix qui devront être faits. C'est aux seuls Algériens d'en décider par le dialogue démocratique", a-t-il répondu aux députés, ajoutant que "le souhait de la France, c'est qu'une forme de transition puisse s'engager rapidement pour répondre aux aspirations profondes qui continuent de s'exprimer". Jean-Yves Le Drian a insisté sur la neutralité de la France en disant qu'elle "parle avec les autorités algériennes", mais écoute aussi "la société civile". "L'Algérie doit maintenant tracer son avenir, il prendra la forme qu'auront choisie les Algériens. Pour notre part, nous resterons aux côtés de l'Algérie et des Algériens dans le respect, l'amitié et la fidélité", a-t-il conclu. S. L.-K.